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VIVRE (Un poème pour) de Benoît JACQUES, Benoît Jacques Books, 2011 Document conçu par Nicole FRAGA, CPC TOUL dans le cadre de l’opération TOuLiPo & TIC contact : Nicole.fraga@ac-nancy-metz.fr ![]() Réflexion sur le titre : à quelle occasion écrire un poème pour vivre ? → une ode à la vie pour tous et chacun → à quelqu’un qui n’a plus de goût à rien, qui est déprimé → à quelqu’un qui ne sait plus ce que vivre veut dire ? → à quelqu’un qui va mourir ? → à ses enfants, pour leur transmettre une recette de vie ? → etc. La couverture : des fleurs bleues…. ![]() Le myosotis :
Présentation du recueil à partir de la comparaison de deux images ![]() ![]()
Feuilletons ensemble le recueil, découvrons le texte inséré au milieu des illustrations. Revenons ensuite sur le texte : ![]() Analyse du texte au milieu de l’ouvrage - La silhouette du texte Le kakemono : peinture ou calligraphie sur soie ou sur papier qui se déroule verticalement Le texte se présente au milieu du livre et s’apparente à un kakemono. Travail sur le texte : une ou deux lectures pour bien se le mettre en tête Observations et réactions spontanées :
Quelque chose centré sur le vital et l’émotionnel, la vie en somme La question centrale est qui est le narrateur (qui est ce « je », même s’il n’est jamais écrit, le « tu » présuppose forcément un « je »), qui est cette mère à qui le narrateur s’adresse ? Pour identifier le « je », il ne faut évidemment pas confondre auteur et narrateur. Pourtant, la nécessité vitale du poète à écrire, la forme de l’écriture (le tutoiement, la liste hétéroclite mais précise des plaisirs partagés), nous invitent à penser que l’adresse de ce texte serait assez intime, tout en lui reconnaissant une portée plus universelle. Si on résume ce qu’on a pu construire :
Cette femme serait-elle la mère du poète, sa femme, sa fille ? Examinons les 3 hypothèses et les éléments qui plaident plutôt pour l’une ou l’autre : Le texte serait adressé à sa fille qui est à son tour mère : le texte s’inscrit alors dans l’idée d’une transmission générationnelle du goût de vivre. La première phrase convoque immédiatement une idée d’enfance « tes petites bottes en plastique bariolé », mais aussi la filmographie de Hayao Miyasaki qui a réalisé beaucoup de films pour la jeunesse, mais pas seulement. Le texte serait adressé à sa femme : cette liste de tout ce qui est précieux et important pour elle est conçue pour tirer ses pensées (peut-être envahies par une situation délicate) vers le vital. On aurait pu attendre une désignation de l’enfant du type « notre fils », mais qui aurait conféré moins de littérarité et d’universalité au texte. On pourrait aussi y voir plus simplement un choix d’écriture plus emprunt de pudeur. Le texte serait adressé à sa mère : Je pencherais pour cette idée, plus littéraire : le narrateur s’adresserait à sa mère qui perd la mémoire et lui donnerait un tas de conseils pour continuer à vivre. Quand on a la charge de personnes âgées qui perdent la mémoire, la famille est souvent dans l’obligation d’écrire des listes pour organiser leur vie, l’impératif prend alors un sens nouveau. La fin du texte « Prends-le dans tes bras » serait en fait « prends-moi dans tes bras », car ton fils dont je te parle, même si tu ne me reconnais pas, c’est moi… Viens que je te console, qu’on se reconnaisse et qu’on continue à partager tout ce que l’on a partagé jusqu’ici… L’illustration peut alimenter encore cette interprétation : - le retour sur les deux images des oiseaux qui ouvrent et ferment l’album prennent alors tout leur sens : deux êtres séparés dont l’un semble mal en point… A la fin, ils sont toujours séparés, mais les mots prodigués font qu’ils regardent ensemble tous leurs souvenirs, un équilibre précaire s’étant instauré dans l’hiver de la vie…. - le myosotis de couverture (qui symbolise un « ne m’oublie pas ! »), les deux doubles-pages de dessins de fleurs archétypales renverraient à l’idée que les personnes dont la mémoire vacille, sont aussi affectées au plan du dessin : nul détail pour préciser quelle fleur est évoquée, retour à un dessin primaire en quelque sorte…. Finalement, les interprétations, même respectueuses des droits du texte et de la conception générale de l’œuvre dépendent sans doute de ce que l’on peut vivre et de ce que l’on peut y projeter de personnel. Mais je crois résolument que c’est vraiment un livre magnifique qui parlera aux enfants !! Si nous recherchons dans la langue du texte ce fait écart au langage ordinaire : - le projet d’écriture en lui-même : écrire une ode à la vie…. à l’impératif !
Pour les élèves dont les représentations sur le texte poétique sont souvent étroites (ça rime, le sens est secondaire par rapport à la forme voire incompréhensible, etc.), la fréquentation de ce recueil peut leur permettre d’étendre leur conception de la poésie. Propositions de lectures avec les élèves
Lire une critique de Claude André de la librairie « L’autre Rive » de Nancy : Benoît Jacques a changé d’habits : veillant à se surprendre et réussissant à nous surprendre il a troqué le noir profond qui habilla souvent ses livres et « … s’est vêtu de broderie, de soleil luisant, clair et beau… » La couleur ici s’impose : jaquette habitée de fleurs bleues, pages d’intérieur envahies elles aussi de prairies fleuries, de prés verdoyants et de fleurs, colorées encore et encore. Fleur bleue ce magnifique petit livre ? Oui, mais du côté de Raymond Queneau. Juste en son cœur, il recèle une surprise, un petit poème en prose, caché au milieu des fleurs comme le sont d’habitude les fleurs séchées qu’on glisse entre les pages d’un livre, poème glissé là comme son énoncé l’est entre deux parenthèses sur la page de titre : Vivre (un poème pour). Ce petit poème ne laisse pas de nous interroger. À qui s’adresse Benoît Jacques dans cette invocation à l’impératif de petits faits plaisants à accomplir, tissant ainsi une véritable geste du quotidien ? À bien des interlocutrices et interlocuteurs connus de lui seul en même temps qu’à lui, et bien sûr à nous, nous incitant à savourer le temps présent. Ce « carpe diem » réconforte. En témoignent les deux oiseaux que nous découvrons sur la première double page, oiseaux perchés au cœur d’un arbre vert alors qu’un jour printanier se lève, mais oiseaux qui n’en ont cure et se tournent le dos, l’œil morne. Sur la dernière double page l’arbre a perdu ses feuilles, la neige approche, la nuit va tomber, mais les deux volatiles regardent cette fois dans la même direction, leur regard est devenu vif et ils sourient du bec. Le plaisir de lire ce livre-poème appelle la répétition, il nous donne envie de répondre à l’appel sensible et sensuel de ses planches colorées en enfouissant le nez dans ses pages comme dans un bouquet. Vivre (un poème pour) est une ode à la renaissance, au plaisir de vivre et d’être, et il est à offrir à toutes et tous. Claude André, L’Autre Rive Propositions d’écriture :
Ecris-lui un poème à la manière de Benoît Jacques (impératifs, présentation du texte –pour une fois, tu peux oublier la ponctuation…-)
Pour les illustrations, choisir une thématique d’ensemble et une technique pour des images pleine page :
Lors de la création du Didapages, on pourra démarrer la lecture du poème écrit collectivement dès la page de garde et défiler les illustrations en écoutant le texte dit par la classe, lequel, comme dans l’album de Benoît Jacques sera inséré au milieu de la production. Si vous vous lancez dans ce travail, n’hésitez pas à me faire part de vos idées, de vos réalisations…. |