Littérature et philosophie ? I. Analyse des termes : «littérature»





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date de publication22.04.2017
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Avant-propos : Littérature et philosophie



Peut-on opposer littérature et philosophie ?



I. Analyse des termes :


_ « littérature » : pratique de la langue qui cherche à attirer l’attention sur sa propre forme. Sensée procurer une émotion d’ordre esthétique (romans, théâtre, poésie) Ex. La Nausée de Sartre

Elle fait prévaloir la forme sur le fond.

Robbes-Grillet :  « Le véritable écrivain n’a rien à dire », id est il n’a pas pour but d’enseigner, ni de persuader ».

Sartre (Qu’est ce que la littérature ?) : « Les poètes sont des hommes qui n’ont rien à dire », id est qui  font un usage intransitif ( indirect) de la langue.

On peut alors affirmer que la littérature cultive la fonction esthétique du langage.

_ « philosophie » : travail sur les concepts qui ne soucie pas du comment écrire (du style) dans la mesure où la pensée, pour être rationnelle , doit éviter les effets de style.

Un concept est un produit de l’abstraction et de la généralisation obtenu en ramenant le multiple à l’unité. Ex. le concept de loi, de hasard etc.

La philosophie fait un usage transitif de la langue et des mots car ils se rapportent à l’expérience ou au vécu.

II. L’écrivain philosophe :


Si l’on prend l’exemple de Rimbaud qui est un voyant, un visionnaire, « je est un autre » (Lettre à Paul Demeny, 15 mai 1971), signifie qu’une part de nous-même est soustraite à la conscience ; c'est-à-dire l’inconscient. Rimbaud met en valeur son intuition (saisie immédiate d’une connaissance sans penséedémonstration) car il nous renvoie au concept du moi ie au sujet conscient.

Cette intuition doit être rationnalisée par le philosophe. C’est parce que le poète va engendrer des intuitions, que le philosophe s’efforce de confirmer et de rationnaliser_ sous forme d’un système_ cette pensée.

Alors qu’il s’agisse de Rousseau ou de Sartre, faut-il parler de philosophe-écrivain ou d’écrivain-philosophe ?

III. Le philosophe-écrivain :


Certains philosophes ont cherché à esthétiser la pensée ( Nietzsche). D’ailleurs la pensée grecque via les présocratiques (Parménide, Héraclite)ont été des poètes. Cela nous montre que la philosophie et la poésie coïncident, mais se séparent ensuite, car de la poésie émerge la philosophie.

Pourtant la pensée peut privilégier la forme sur le fond pour prendre la forme de la poésie. Ex. Nietzsche use de moindre mot pour suggérer le plus, aphorismes.

Si le philosophe devient poète, il renonce ainsi aux systèmes, ie aux organisations de la pensée, telle que n’importe quelle partie ramène au tout.

En conclusion, qu’est-ce qui distingue littérature et ϕ ?

IV. Tableau distinctif


Littérature

ϕ

Préoccupation esthétique

Travail de la pensée par système (Spinoza, Hegel) ou dialogue (Platon)


Récit

Réflexion à travers le concept (réduction du commun à une classe d’objet)



CONCLUSION


Parce qu’elle crée des concepts et qu’elle systématique, la ϕ diffère de la littérature.

En effet l’écriture littérature obéit à une exigence esthétique qui relègue au second plan l’exigence du sens.

Ex. Mallarmé qui possède une écriture hermétique où le sens est abandonné comme dans  Le sonnet en yx .

Parce que l’écriture philosophique accède au réel par le détour du concept qui s’efforce de rendre univoque la langue, elle se soumet aux exigences de la définition. D’autant qu’elle est transitive car elle renvoie à l’expérience où à des objets de la pensée (les idées).

Néanmoins, l’opposition entre littérature et philosophie, peut être remise en cause, lorsque l’exercice de la pensée devient esthétique (Nietzsche, Héraclite) où lorsque la littérature s’attache à rechercher le sens (Rimbaud, Sartre).

















Introduction générale : Qu’est-ce que la philosophie ?


La philosophie symbolisée par la lettre « φ » désigne en grec ancien « l’amour de la sagesse », donc le philosophe aspire à la sagesse (sophia) qui prend deux sens :

_ sagesse théorique : le sage est celui qui sait ( le savant)

_ sagesse pratique : au sens d’une éthique , ie d’une juste évaluation des biens et des maux. Le sage est celui qui est maître de soi-même.

Alain (Propos):  « Une évaluation exacte des biens et des maux, ayant pour objet de régler les désirs , les ambitions, les craintes et les regrets ».

Le sens pratique et théorique s’impliquent , dans le sens où il faut bien juger pour bien faire et ou le sage est celui qui pense sa vie et vit sa pensée.

I.Origine de la philosophie :

A. L’étonnement :


Elle vient de l’étonnement , qui conduit à la formulation d’une question. Ainsi on s’étonne de ce qu’on comprend pas. De ce fait l’étonnement souligne l’ignorance , ie un défaut de savoir.

Mais on distingue l’ignorance (celle qui s’ignore) et + ( celle qui est consciente d’elle-même comme l’ignorance socratique).

Aristote ( Métaphysique A, 2, 982B): «  Apercevoir une difficulté et s’étonner, c’est reconnaître sa propre ignorance. Et ce fut pour échapper à l’ignorance que les premiers philosophes se livrèrent à la philosophie ». Elle est « fille de Thaumas ». ( dieu de l’étonnement )

Si la philosophie entend libérer de l’ignorance, elle a donc valeur de connaissance ou de science. D’où la question : quelle science occupe la philosophie ?

B. La philosophie et la tripartition du savoir


Réponse avec Aristote ( Métaphysique, E, 1, 1025b) « Toute application de la pensée est ou pratique ou poïétique, ou théorétique ».

_« pratique »praxis (action) domaine morale et politique , ni contemplation, ni fabrication. Ex. l’éthique, l’économie, la politique , la rhétorique

_« poïétique » poîesis (fabrication) sphère d’activité inférieure, nécessité du travail. Ex. le travail, la technique, l’art

_« théorétique »theôria (contemplation) spéculation philosophique ou scientifique, occupation la plus éminente de l’homme préoccupé par le savoir. Ex. la physique, les mathématiques , la théologie

Cette configuration du champ du savoir se fait selon deux critères :

Ontologique: l’origine du mouvement de leur objet.

Epistémologique : le degré de certitude auquel on peut parvenir dans chacun de ces trois genres de sciences. Seule la science théorétique est susceptible, du fait de la nécessité de son objet, d’atteindre la certitude parfaite.

Subdivision des sciences selon Aristote :

I . Les science théorétique (eπιστήμη) : le principe du mouvement est dans l’agent producteur et non dans le résultat produit » (mais le mouvement lui s’y transmet) son objet a son principe de mouvement en soi-même, il est donc nécessaire et universel :

1.La logique ou organon 2. La physique /les Mathématiques 3.La biologie (Les végétaux, les couleurs, les oiseaux, l'explication finaliste de la génération l'œuf ou la poule?) 4. La métaphysique

II. Les sciences pratiques : 1.L’Éthique : scinece du bonheur, de la vertu, de la prudence (au sens de phronesis), la sagesse, volonté 2 La politique et l’économie 3.La rhétorique 4. La pooétique

III. Sciences poïétiques : la science qui produit quelque chose : travail, art, production technique

D’où une division du savoir.

Objection : si la science s’est appropriée la connaissance de la nature et celle de l’homme, la philosophie n’est-elle pas dépossédée de son objet ?

La philosophie va alors interroger la science sur son rapport à la vérité et montrer que la vérité n’a pas sa place dans la science.

Définition de la science : connaissance obtenue soit par la démonstration (Mathématiques) , soit par l’observation et la vérification (Physique, biologie).

II. La philosophie comme discours critique :


_ « critique » ( étymologie grecque «  krinein » : discerner, séparer le vrai du faux )  admet deux sens :

s.1 déprécier ( esprit de critique)

s.2 juger en vue d’une évaluation + OU – ( esprit critique)

La philosophie cherche à examiner, séparer le vrai du faux.

Un esprit d’examen vise à n’admettre que ce qui a été préalablement jugé, évalué. Le discours philosophique porte surtout sur ce qui s’affirme comme vérité.

Ex : une croyance , c’est ce à quoi on adhère parce qu’on le tient pour vrai

Expressions du sens commun :

_« ne croire que ce que l’on voit » : revient à confondre l’être au paraître et réduire l’être au paraître.

_« croire ce que l’on entend » : revient à penser que le plus grand nombre à raison et qu’ainsi la vérité se trouve du côté des plus nombreux ( ce que Spinoza nomme « la connaissance par ouï-dire » ou « connaissance du premier genre » in l'Éthique, II, p°40, scolie 2)

_« croire sans comprendre » : notre rapport à la science repose sur une adhésion sans compréhension.

Aussi une croyance qui prend l’apparence de la vérité n’aboutit qu’à la violence.

D’où la chaîne causale :

croyanceconviction certitudeintolérancefanatismeviolence

« un préjugé » : opinion admise sans jugement

Alain(Propos) «  ce qui est jugé d’avance, ie avant même qu’on se soit instruit »

Ex. les inégalités naturelles justifient les inégalités sociales  est un préjugé

_ « un doute » : rejeter comme faux, tout ce qui a l’apparence de la vérité, ce qui conduit à la suspension du jugement (épokè). Le doute est une méthode

Ex. le doute sceptique pyrrhonien

Ainsi les opinions sont des causes de doutes car elles sont nombreuses et donc s’opposent.

Le doute cartésien est un doute provisoire et méthodique, condition d’accès à la vérité ; alors que le doute sceptique est définitif. Il n y a pas de philosophie sans interrogation et donc sans doute.

dubito : je doute

cogito : je pense

épokè : suspension du jugement

III. Invention des concepts et force des idées 


La ϕ grecque s’est efforcée à deux choses :

_ ramener le multiple à l’unique

_ ramener le changeant au permanent

Comment s’y prend-elle ? Réponse : en conceptualisant.

A.Qu’est-ce qu’un concept ?


_« Un concept »: unité extraite de la pluralité au moyen de l’abstraction et de la généralisation, ramène le changeant au permanent.

Ex. le concept de plaisir (Epicure), d’étendue ( Descartes), de transcendantal ( Kant)

Les concepts renvoient à un contenu représentable par ≠° les idées n’admettent pas de représentation sensible

L’idée n’est pas l’≡ d’une image car ne se voit pas mais se conçoit. Du grec « eido » ( je vois) l’idée est une vue de l’esprit. C’est le domaine de la raison quand elle dépasse le domaine de l’expérience (au sens kantien, CPU I, LT, 2e dv° DT, L. I , s°1 « Des Idées en général », cf ≠° Idées platoniciennes in Phédon, 78c-79d )

Platon opère une distinction entre le monde sensible (ce qui se voit) et le monde intelligible (ce qui se conçoit) . Il montre que le réel n’est pas ce que l’on perçoit mais car cela est changeant, mais ce que l’on conçoit, qui est permanent. D’où le renversement platonicien :

« Posons qu'il y a deux espèces d'être (duo eidè tôn ontôn), l'une visible, l'autre invisible. Posons également que celui qui est invisible garde toujours son identité, tandis que celui qui est visible ne la garde jamais » (Phédon, 79a)

Ainsi l’Idée du Bien, du Juste ou du Beau sont synonymes d’essence, ie ce qui définit une chose de façon permanente.

B.La force des idées :


La force désigne le pouvoir d’exercer une action sur quelque chose ou sur quelqu’un. Ainsi l’idée peut conduire à la révolte ( l’idée du juste, d’humanité). De fait le crime contre l’humanité concerne l’humanité comme valeur en chaque individu.

IV. La philosophie comme mode de vie :


La philosophie n’est-elle qu’un discours ?

Dans la Grèce antique, la philosophie s’est voulue une orientation de l’existence , un art de vivre. Son objectif : régler les craintes et les désirs (Epicure) et ainsi procurer une absence totale de trouble ( ataraxie)

Si elle tend à régler les désirs cheminant vers la démesure ( l’Ibris) , Epicure ( Lettre à Ménécée) propose de ramener le désir aux limites du besoin, pour se suffire à soi-même (autarcie) comme Diogène qui représentera le Cynisme , mouvement rejetant le système social et montrant sa propre personne, ce qui est un idéal de dépossession, mais aussi une source de liberté.

Le stoïcisme : la philosophie libère des passions. Epictète (Entretiens) compare la philosophie à une « médecine de l’âme », comme thérapeutique des passions.

Pour les Grecs il s’agit donc d’exercer un pouvoir sur soi-même et non pas sur les choses.

Descartes (Discours de la méthode, III, 3e maxime) : « Changer ses désirs, plutôt que l’ordre du monde »

Mais comment se fait-il qu’en l’absence de tout interdit divin et de toute censure sociale, les Grecs se soient imposé des pratiques d’austérités ?

Cela vient de leur vision de la vie qu’ils assimilaient à une œuvre, répondant ainsi à une exigence de mesure : «  rien de trop ».

C’est pour cela que les Grecs ont fait prévaloir sut tout autres libertés ; celle du rapport à soi (ses craintes, ses désirs).


Conclusion


De même que la médecine retire du corps malade ce qui s’y forme à ses dépens, de même la philosophie entreprend de chercher la vérité , en retirant de nos esprits, les opinions, croyances et préjugés qui faussent notre jugement.

La ϕ semble appartenir, aujourd’hui, exclusivement à l’ordre du discours. Elle a pourtant été aussi pratiquée comme mode de vie, comme choix d’existence (avec les cyniques, les stoïciens).

Sommaire


Avant-propos : Littérature et philosophie 1

Peut-on opposer littérature et philosophie ? 1

I. Analyse des termes : 1

II. L’écrivain philosophe : 1

III. Le philosophe-écrivain : 2

IV. Tableau distinctif 2

CONCLUSION 3

Introduction générale : Qu’est-ce que la philosophie ? 5

I.Origine de la philosophie : 5

A. L’étonnement : 5

B. La philosophie et la tripartition du savoir 6

II. La philosophie comme discours critique : 7

III. Invention des concepts et force des idées  9

A.Qu’est-ce qu’un concept ? 9

B.La force des idées : 10

IV. La philosophie comme mode de vie : 10

Conclusion 11



Concepts impliqués



Notions impliquées :



Repères impliqués



Doctrines impliquées



Auteurs et œuvres convoqués



Définitions acquises



Cf. répertoire et lexique

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