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Les surréalistes et la politique. Intro : Le surréalisme n’est pas un mouvement littéraire au sens classique, il tend à « transformer le monde » (Marx) et à « changer la vie » (Rimbaud), car il lie de manière indissociable la révolution poétique et la révolution politique. Suivre les engagements politiques du surréalisme, c’est tenter de comprendre une aventure intellectuelle qui a uni des hommes autour d’un projet à la fois poétique et politique. Cette aventure s’est voulue collective à travers des manifestes, des tracts, des déclarations collectives à caractère politique émanant plus de certaines personnes que d’autre, ainsi la figure de Breton est centrale et prééminente. Mais il existe un rapport complexe entre Art et politique. L’exemple surréaliste permet d’évoquer le passage au politique d’un mouvement littéraire. Pour quelles raisons une avant-garde s’oriente-t-elle vers un engagement politique ? Nous verrons dans une première partie que les débuts du surréalisme sont marqués par une influence libertaire : la révolte individuelle est le ferment contestataire du mouvement. Puis dans un deuxième temps nous verrons que la phase « raisonnante » du surréalisme se concrétise par un engagement aux cotés des communistes. En effet, les surréalistes souhaitent participer à l’élaboration de sa ligne culturelle et luttent pour obtenir la reconnaissance du surréalisme comme esthétique révolutionnaire. Cependant 1935 marque la rupture entre le surréalisme et le communisme et le début de l’essoufflement du surréalisme dû en partie à son sectarisme et à sa décision de non-résistance lors de la Seconde guerre mondiale. I De la révolte de l’esprit (dadaïsme) à la révolution contre l’ordre établi. La politisation du mouvement surréaliste.
Le flirt surréaliste avec l’anarchisme.
Abandon de l’idée anarchiste :
De plus, ils sont entrés dans leur phase de raisonnement, il faut rompre avec ce mouvement synonyme d’individualité=> dans le Manifeste sur les intellectuels et la Révolution il est écrit : « Nous voulons la Révolution, nous voulons les moyens révolutionnaires. Or ces moyens de quoi sont-ils fait ? De l’Internationale communiste seule et pour la France du PCF ». Pourquoi cette fascination pour la Révolution bolchévique ? Car les surréalistes ont vu que Lénine a mis en avant les avant-garde, les surréalistes veulent faire de leur mouvement l’art officiel du communisme. Enfin, c’est également par souci d’efficacité : pour accroitre la crédibilité de leur engagement politique, les surréalistes ont voulu s’engager dans un mouvement révolutionnaire dont l’efficacité n’est pas remise en cause. De plus, au lendemain du conflit mondial, l’anarchisme révolutionnaire n’est plus mobilisateur alors que le PC ne cesse de s’affirmer fort de son expérience bolchévique.
II L’engagement surréaliste dans le communisme de 1925 à 1935 L’idéalisation du PC et du mythe bolchevique. Au milieu des années 20, le PC apparait aux surréalistes comme auréolé de la mythique Révolution russe. Le mythe fonctionne à merveille pour les surréalistes, les figures de Lénine et Trotski sont des emblèmes inattaquables. Comme si le passage de la révolte de l’esprit à la Révolution politique rendait nécessaire une dimension mythique. A cela s’ajoute une profonde idéalisation du PCF perçu comme porteur du pacifisme, de l’antimilitarisme, de l’anticolonialisme et de l’internationalisme. Ainsi la 1ère fois où les surréalistes se joignent aux communistes est lors de la guerre du Maroc de 1925 , qui est une occasion de se déchaîner contre les valeurs bourgeoises et contre le patriotisme. Au mythe de la Révolution s’ajoute celui du bolchévisme : les réunions des surréalistes à partir de 1925 montrent leur volonté d’adopter une organisation bolchévique basée sur la clandestinité, la discipline et la rigueur. Les surréalistes et le communisme Au moment où les militants du PC le quittent en 24-25, les surréalistes s’en rapprochent. L’enjeu littéraire est au cœur du rapprochement avec le PCF . C’est pour cela que les surréalistes persévèrent face à un parti qui s’éloigne de +en+ de leur idéal. Ils veulent prendre une part active dans l’élaboration de la ligne culturelle du parti qui n’en a pas encore défini. Les surréalistes se sentent sur un pied d’égalité avec les communistes et ne veulent pas se soumettre les yeux fermés. Mais quand le journal communiste l’Humanité favorise Barbusse, le principal rival littéraire des surréalistes, Breton opte pour une attitude critique pour déclamer que la flamme révolutionnaire « brûle où elle veut ».
Problème : avec Staline les avant-gardes ne sont plus, comme sous Lénine, à l’ordre du jour. De plus, sous Staline, Jdanov a imposé une vision prolétarienne de la culture, celle-ci ne dispose d’aucune autonomie (l’art pour l’art), mais doit être au service du prolétariat et du parti, ce qui ne correspond pas aux attentes des surréalistes et avantage un autre mouvement littéraire : le réalisme social. La rupture avec le communisme
La rupture a lieu avec le Congrès international des écrivains où Breton y fait part de son inquiétude en vue du rapprochement franco-soviétique avec le Pacte. Il ne reproche pas aux soviétiques la signature de ce pacte, « fruit de la dure nécessité » mais craint que cela ne soit une offensive de la culture bourgeoise en pays communiste. En aout 35 surgit la rupture définitive avec le PCF et le PCUS à cause de l’échec culturel et de la situation en URSS qui ne peut plus être ignorée. Les surréalistes s’expriment dans Du temps que les surréalistes avaient raison. Ils refusent la réhabilitation des valeurs bourgeoises (comme la famille) par Staline et l’approbation par Staline de la politique de défense nationale de la France, ce qui signifie également la réhabilitation de l’idée de la patrie. Enfin ils dénoncent le culte stalinien. Les doutes sont devenus des certitudes et lors des procès de Moscou en 36, la condamnation est définitive et publique. III Les derniers errements du surréalisme. La guerre d’Espagne : le communisme est montré comme traître à la Révolution.
Essoufflement du mouvement avec le sectarisme: Peu à peu le surréalisme perd de son dynamisme. En effet, ce mouvement fait preuve d'un sectarisme bien singulier à l'égard des artistes qui ne répondent pas à cette nouvelle esthétique. Ainsi successivement sont renvoyés Tzara (l'un des fondateurs du mouvement Dada) , Artaud (qui prône une « révolution » plus métaphysique) , Éluard et Aragon, qui se rallient au programme révolutionnaire marxiste, en passant par Cocteau, « persécuté » par Breton. Jusqu'à sa mort, Breton incarnera l'« orthodoxie » surréaliste avec une fougue et une passion qui virent au sectarisme et qui rejettent toute idée accusée de « trahir »le surréalisme, ce qui lui vaudra le surnom de pape du surréalisme et ce qui entrainera peu à peu un essoufflement du mouvement qui rallie de moins en moins de monde. L’attitude des surréalistes lors de la Seconde guerre mondiale : Breton décide de refuser toute Résistance, et s’exile aux Etats-Unis. On assiste à une véritable théorisation de la non-résistance : pour les surréalistes, ignorer la guerre est le meilleur moyen de s’y opposer, Breton a même dit : « Nous pensions que parler de la guerre ne fût-ce que pour la maudire, c’était encore lui faire de la réclame. » Les surréalistes ne feront donc pas partie des grandes figures de la Résistance, ce qui contribuera à l’essoufflement du mouvement surréaliste. Ainsi, pendant la période d’après-guerre, les surréalistes sont isolés et d’anciens surréalistes comme Eluard ou Aragon , engagés dans la Résistance, bénéficient du prestige communiste en France et tiennent le haut du pavé intellectuel. Conclusion : Tout au long du XXème siècle, le mouvement surréaliste est l’illustration de la confrontation du politique et de la littérature (et de l'art). Avec eux, la littérature entre en tant que telle dans le champ politique. Le texte littéraire, poétique ou autre, devient subversif par sa nature même, et non plus par son contenu idéologique. La forme fait sens et la subversion du langage devient celle de la réalité sociale. D'où l'illusion du compagnonnage avec la « révolution » politique qu'était censé représenter l’anarchisme puis le communisme d'alors, et la rupture rapide et inévitable des surréalistes authentiques avec ce mode de pensée et d'action. Dès ses débuts, l'aventure intellectuelle des surréalistes n'a laissé personne indifférent. Mais, on peut constater que, si le surréalisme dérange beaucoup au début de sa carrière, au cours des ans, ses productions sont de moins en moins discutées, elles font partie du paysage culturel, notamment en ce qui concerne la peinture (Ernst, Tanguy, Dali, surtout). La diversité contradictoire des opinions exprimées par les surréalistes, constitue une riche contribution à l'étude des mentalités d'une époque où la littérature comptait dans la formation de l'opinion et à la mise en perspective historique d'un mouvement littéraire majeur qui a marqué durablement son siècle et qui s’éteindra avec la mort de Breton en 1969. |
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