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Le Dadaïsme Le dadaïsme, dit aussi dada est un mouvement artistique et intellectuel d'avant-garde qui, entre 1916 et 1925, se caractérisa par une mise en cause de toutes les conventions et contraintes idéologiques, artistiques, cinématographique, politiques. Il est né pendant la Première Guerre mondiale dans les milieux intellectuels et artistiques occidentaux, et qui s'est traduit par une remise en question radicale des modes d'expression traditionnels. . Parmi les premières figures dominantes il y avait Picabia, Man Ray, Duchamp, Schwitters. Si "da, da" signifie "oui, oui" dans les langues slaves, le terme choisi par ces artistes pour se désigner ne veut rien dire : les dadaïstes ont en commun le goût de l'absurde, du non- sens, de la provocation et de l'humour. Il fut nommé ainsi par pur hasard ludique : Le 8 février 1916 plusieurs artistes européens se réunissent à Zurich à l'initiative du metteur en scène Hugo Ball pour l'inauguration du Cabaret Voltaire. Parmi eux, Tristan Tzara, poète roumain, Richard Huelsenbeck, poète allemand, Jean Arp (ou Hans Arp), sculpteur alsacien et Hans Richter, peintre allemand. A l'aide d'un coupe-papier, ils ouvrent au hasard un dictionnaire et tombent sur le mot "dada". En réaction à l'absurdité et à la tragédie de la Première Guerre mondiale, ils baptisent le mouvement qu'ils viennent de créer de ce nom. Le "Dadaïsme" entend détruire l'art et la littérature conventionnels. Le mot lui-même ne signifie rien, il désigne selon les fondateurs du mouvement le néant absolu. En 1918, le dadaïsme atteindra son apogée quand Marcel Duchamp se joindra au groupe zurichois. Il faudra attendre 1919 pour voir le "Dada" arriver en Allemagne, avec Max Ernst, et en France, avec l'installation de Tzara à Paris. En cherchant à renverser toutes les contraintes traditionnelles, le dadaïsme tenta d'échapper au média usuel de la peinture et de la sculpture. Man Ray et Duchamp, par exemple, créèrent de curieuses constructions à partir d'objets trouvés qu'ils exposèrent d'une façon provocante en tant qu'oeuvres d'art. Les formes éphémères de la publicité étaient également beaucoup utilisées - magazines et tracts, "événements" mis en scène de façon bizarre et conférences. Chez des artistes comme Cocteau et Picabia il y avait des liens forts avec le théâtre et les performances artistiques. La puissante influence du dadaïsme se retrouve, par la suite, dans les orientations artistiques comme les événements, les happenings et le body art. (Voir par exemple les folles machines de Tinguely ou les mutilations délibérément choquantes de Marc Prent). Le dadaïsme est très lié à la Première Guerre Mondiale, preuve en est l’année de la naissance de ce mouvement (1915-1916), ainsi c'est une immense révolte contre la guerre : la guerre détruit, dada veut détruire l'ordre établi qui n'a pas su empêcher le massacre. La guerre a utilisé le progrès technique à des fins destructrices, Dada dénonce la machine, cette invention de l'homme, qui s'est retournée contre lui. Le dadaïsme apparaît aujourd'hui comme un épisode essentiel de la révolution artistique qui marque l'époque contemporaine. Car dada, qui rejetait tout enseignement a fait école. Parmi les artistes des cinquante dernières années on ne compte plus les héritiers de M. Duchamp, F. Picabia, Man Ray, R. Schwitters, H. Arp et M. Emst... Le dadaïsme dans le monde : - C'est à Zurich, vers la fin de 1915, qu'apparaissent distinctement les stigmates particuliers de cette rébellion. Dans la vague de réfugiés de toute espèce qui déferlait alors sur la paisible cité alémanique, se trouvaient plusieurs jeunes gens venus de divers pays d'Europe et sans autre affinité que leur haine d'un ordre social dont la guerre même attestait la faillite. C'est ainsi que se rencontrèrent dans la petite salle du "Cabaret Voltaire", ouvert par un transfuge du Blaue Reiter munichois, Hugo Ball, des Allemands comme Hans Richter et Richard Huelsenbeck, des Roumains comme Tristan Tzara et Marcel Janco ou des Alsaciens comme Hans Arp. Pour meubler leur oisiveté forcée, ils organisèrent au Cabaret des soirées qui, anodines au début, dégénérèrent bientôt en provocations systématiques contre l'ordre bourgeois. Des expositions regroupèrent les toiles des dadaïstes (Otto Van Rees, Viking Eggeling, Augusto Giacometti, Walter Helbig, Oscar Lüthy, Max Oppenheimer, Otto Morach, Arthur Segal...), mêlées aux oeuvres des peintres contemporains dont la plupart d'entre eux subissaient l'influence. On s'intéressait surtout à l'art abstrait, à l'impressionnisme, à l'art nègre, à l'art nouveau. C'est chez certains artistes plus fortement individualisés que l'on reconnaît les premiers signes originaux : d'emblée, Hans Arp avait inventé ses configurations simples et pures, abstraites de nature plutôt que par effet de recherche. Ses collages et ses reliefs comme les tissages et compositions de sa compagne Sophie Taeuber, se distinguent des productions contemporaines de Mondrian et de Kandinsky par un abandon total aux caprices du hasard. Ces observations valent aussi pour les plâtres polychromes de Marcel Janco et pour les Schadographies, épreuves photographiques originales obtenues dans le laboratoire de Christian Schad par contact direct des objets avec le papier sensible. Sous l'aiguillon de son imprésario Tzara et de son maître à penser Hugo Ball, le groupe dadaïste zurichois, renforcé en 1919 par la venue de Picabia, devait défrayer la chronique dans la presse helvétique jusqu'en 1920. - New York voit l’arrivée en 1915 de deux peintres français : Francis Picabia et de Marcel Duchamp dans la métropole américaine. Préparé par l'exposition d'art moderne dite "Armory Show" de 1913, où les deux hommes avaient exposé des toiles d'inspiration cubiste (Nu descendant un escalier de Duchamp et Procession à Séville de Picabia) qui avaient causé un premier scandale, le mouvement de libération artistique impatiemment attendu depuis le début du siècle par toute une génération de jeunes plasticiens allait s'amplifier avec l'arrivée à New York de plusieurs Européens en rupture de conscription. C'est ainsi qu'Albert Gleizes, Jean Crotti, Henri-Pierre Roché, Arthur Cravan, Edgar Varèse et bien d'autres allaient, avec Duchamp et Picabia, s'intégrer vers cette époque aux petits cénacles new-yorkais d'avant-garde, tels que la galerie 291 du photographe Alfred Stieglitz. De jeunes Américains vinrent étoffer ce noyau initial, comme Morton Schamberg, Walter Pach, John Covert, Arthur Dove et surtout Man Ray, le cerveau le plus inventif et le personnage le plus typiquement dadaïste. Beaucoup plus préoccupé d'art que de littérature, le groupe new-yorkais allait porter à la peinture illusionniste les coups les plus décisifs. Duchamp, sortant de l'impasse du cubisme où il s'était tout d'abord engagé, allait remettre en question le principe même de l'acte créateur ; dès 1912 , il avait renouvelé le thème de la machine, d'abord en la transposant en éléments plastiques (La Mariée), ensuite en créant une symbolique anthropocentrique autour de son fonctionnement (La Mariée mise à nu par ses célibataires, même, 1915-1923), enfin en l'intronisant telle quelle dans sa forme brute au nouveau Parnasse (Roue de bicyclette) : ce seront alors d'infinies variations sur le motif des "Ready-mades", ces objets usuels promus à la dignité d'oeuvres d'art du seul fait de leur élection par l'artiste. Le plus célèbre d'entre eux sera un urinoir, présenté sous le titre de Fontaine par Duchamp à l'exposition des Indépendants de New York en 1917 et qui, archétype des "objets trouvés" du Pop Art, a pris depuis lors place dans l'histoire de l'art moderne américain. - Berlin : C'est Richter et Huelsenbeck qui, en 1917, importèrent le virus à Berlin où ils trouvèrent un bouillon de culture éminemment favorable dans un petit groupe libertaire composé de Raoul Hausmann, Franz Jung, Johannes Baader, George Grosz, John Heartfield et d'une dizaine de jeunes intellectuels plus ou moins frais émoulus du Sturm d'Herwarth Walden. L'originalité du mouvement berlinois réside dans son militantisme politique : il se trouva mêlé aux bouleversements sociaux qui accompagnèrent dans la capitale allemande la fin des hostilités, et ses oeuvres plastiques, férocement subversives, nous ont préservé l'image cruelle de ce crépuscule de la bourgeoisie. - À Cologne, Dada résulta de la rencontre d'un groupe autochtone et de Hans Arp, émissaire du mouvement zurichois. Le noyau local s'était organisé dès la fin de la guerre autour de Max Ernst, qu'avait attiré très tôt la peinture "métaphysique" d'un Chirico, et d'un militant communiste, Johannes Theodor Baargeld. Sous l'influence du trio Arp – Baargeld - Ernst, Cologne connut une activité débordante. La ville devint même un temps la capitale du collage, et notamment des assemblages en collaboration, tels ces Fatagaga ("Fabrication de tableaux garantis gazométriques") produits à la chaine par la "Centrale W/3". À Hanovre, l'esprit dada s'incarna en la personne d'un seul homme, Kurt Schwitters, formé sous le signe de l'expressionnisme mais qui, dès 1918, avait tourné le dos aux jeux figuratifs pour se composer une grammaire plastique toute personnelle, fondée sur la substitution aux pigments nobles de détritus de toutes sortes prélevés sur les décharges publiques. Tous ces matériaux de rebut se transformaient sous sa main en admirables compositions où se mariaient mystérieusement couleurs et volumes. Il intitula Merzbilder (d'après la syllabe centrale de Kommerzbank) ces étranges tableaux qu'il affecta d'un numéro selon l'ordre de leur composition. - Hanovre : Le dada à Hanovre se limite à l'activité de K.Schwitters lorsqu'il abandonne la peinture figurative pour assembler au hasard des détritus de la vie urbaines: prospectus, tickets de tramway, morceaux de bois, de fer, de chiffon, de grillages… - Paris où le dadaïsme connaît son apogée en tant que mouvement, avec Tristan Tzara, Francis Picabia, Man Ray, André Breton, Paul Eluard, Louis Aragon, Philippe Soupault, et sa fin avec la victoire de la dissidence surréaliste. En fait, Dada n'a vraiment révélé à Paris que deux artistes français d'une importance majeure : Duchamp et Picabia. C'est de la jonction entre d'une part Picabia et Tzara, venus de Zurich à Paris respectivement en 1919 et 1920, et d'autre part des animateurs de la petite revue Littérature (André Breton, Louis Aragon, Philippe Soupault, Paul Éluard) que naquit le rameau français du mouvement, le mieux connu parce qu'il devait servir en quelque sorte de caisse de résonance au dadaïsme zurichois. Cette brillante carrière parisienne, ouverte en fanfare en janvier 1920, devait se terminer dans le marasme quatre ans plus tard. Elle fut marquée par une pléthore de manifestations, d'expositions, de spectacles, de provocations publiques, une floraison de manifestes, de pamphlets, de périodiques et d'ouvrages, très divers parfois, mais toujours marqués au coin de l'irrévérence iconoclaste de Dada. Cependant, la façade unie que présentait au public le groupe dadaïste était déjà lézardée. Quelques semaines à peine après sa formation, celui-ci se scinda en deux factions : un "parti zurichois", radical, animé par Tzara; et une tendance "parisienne", représentée par Breton et ses amis qui, plus accommodante envers la tradition littéraire, devait refaire surface en 1924 sous la nouvelle dénomination de surréalisme. Le collage dans le dadaïsme : Le domaine où Dada a le mieux réalisé des postulats divers, c'est sans conteste celui du "collage". Les dadaïstes y ont trouvé leur mode d'expression idéal, ils en ont exploré tous les arcanes. Et pourtant, on le sait, l'invention du collage précède historiquement de plusieurs années l'avènement de Dada. Mais il n'y a pratiquement aucun rapport, ni dans la gestation conceptuelle ni dans la forme, entre les papiers collés d'un Picasso par exemple, et les synthèses inconstituées d'un Schwitters. La plupart des grands dadaïstes ont utilisé le collage selon leur tempérament propre; et ce procédé, si impersonnel et désincarné en apparence, identifie son auteur tout aussi exactement que la plume ou le pinceau. Les compositions exécutées à Zurich par Hans Arp en 1915 reflètent l'âme lumineuse, la sérénité, l'élégance et l'humour latent du peintre alsacien ; la moustache apposée par Duchamp sur sa reproduction de la Joconde (L.H.O.O.Q.) fait de ce tableau l'oeuvre dadaïste par excellence, mais en même temps révèle la calme agressivité d'un homme qui a porté l'économie des moyens à la hauteur d'un dogme. Face à lui, son contraire confraternel, Picabia, Espagnol, dilettante et facétieux, se manifeste tout entier dans cette Femme aux allumettes (1920) ou ce Midi satirique fait de plumes et de morceaux de bambou. Sans connaître le visage anguleux et la voix gutturale de Raoul Hausmann, on se le représente sans peine devant ses assemblages berlinois. En revanche les papiers peints "retouchés" de Baargeld et Ernst (Le Roi rouge, 1920) sont caractéristiques de la liberté d'esprit des dadaïstes de Cologne; tout comme ceux de Schwitters attestent le caractère obsessionnel qu'a assumé chez lui ce nouveau langage plastique. À la différence de certains grands peintres satisfaits d'avoir découvert et imposé leur style mais incapables par la suite de se renouveler, Duchamp et ses émules se sont mis en demeure de créer, chroniquement, du nouveau. Dada hait la répétition qui engendre le goût. L.H.O.O.Q. Paris, 1919 Marcel Duchamp ![]() « En 1919, j'étais de nouveau à Paris où le mouvement Dada venait de faire son apparition : Tristan Tzara, qui arrivait de Suisse où le mouvement avait débuté en 1916, s'était joint au groupe autour d'André Breton à Paris. Picabia et moi-même avions déjà manifesté en Amérique notre sympathie pour les Dadas. Cette Joconde à moustache et à bouc est une combinaison readymade/dadaïsme iconoclaste. L'original, je veux dire le readymade original, est un chromo 8 x 5 (pouces) bon marché au dos duquel j'écrivis cinq initiales qui, prononcées en français, composent une plaisanterie très osée sur la Joconde. » Voici ce que dit Duchamp sur son œuvre L.H.O.O.Q., œuvre qui fut l’objet de scandales et de critiques, certains estimant son l’œuvre de Duchamp légitimement irrespecteuse envers l’œuvre originale de De Vinci. En effet Duchamp avec ce ready-made rabaissa l’importance de l’œuvre originale et ainsi de l’Art avec une majuscule, mais n’est-ce pas le concept du dadaïsme comme le dit si bien Paul Dermée dans le Dadaïste Cartésien : « Dada est irrité de ceux qui écrivent ”l'Art” ”la Beauté”, ”la Vérité” avec des majuscules et qui en font des entités supérieures à l'homme. Dada bafoue atrocement les majusculaires. » Oui, Duchamp, artiste lui-même, se joue des codes de l’Art ; une œuvre d’Art est sensée être esthétique, belle à regarder, de l’art « rétinien » en somme, les artistes faisant parti du mouvement dadaïste sont anti-art et le montrent. Cette œuvre est un des nombreux ready-made de Duchamp, donc un objet déjà prêt, déjà fait, qui n’est pas de l’art à la base mais qui est présenté comme en étant, pour forcer le spectateur, l’observateur à voir cette objet sous un autre angle, pour qu’il le considère pour autre chose qu’il n’est. Car mise à part les moustaches et la barbichette qui sont rajoutés, le support et le titre ont également leur importance : en effet Duchamp n’a pas pris n’importe quel support, une carte postale, comme pour vulgariser l’œuvre originale, et le titre L.H.O.O.Q. (qui se passe de traduction) pour rendre le tout provocant. Robert A. Baron a dit sur cette œuvre que Duchamp avait « rabaissé un travail fabuleux au niveau d’un vulgaire vandalisme », Robert A. Baron qui a fait lui-même bon nombre de modifications de la Joconde. _______________________________ Qu'est-ce que Dada !Tout est dada. Chaqun a ses dadas. Vous vénérez vos dadas dont vous avez fait des dieux. Les dadaïstes connaissent leurs dadas et s'en moquent. C'est grande supériorité qu'ils ont sur vous. Dada n'est pas une école littéraire ni une doctrine esthétique. Dada est une attitude foncièrement areligieuse, analogue à celle du savant l'œil collé au microscope. Dada est irrité de ceux qui écrivent ”l'Art” ”la Beauté”, ”la Vérité” avec des majuscules et qui en font des entités supérieures à l'homme. Dada bafoue atrocement les majusculaires. Dada ruinant l'autorité des contraintes tend à libérer le jeu naturel de nos activités. Dada mène donc à l'amoralisme et au lyrisme le plus spontané, par conséquent le moins logique. Ce lyrisme s'exprime de mille façons dans la vie. Dada nous décape de l'épaisse couche de crasse qui s'est déposée sur nous depuis quelques siècles. Dada détruit et se borne à cela. Que Dada nous aide à faire la table rase, puis chacun de nous reconstruire une maison moderne avec chauffage centrale en tout à l'égout, dadas de 1920. PAUL DERMÉE DADAISTE CARTÉSIEN |
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