Thème : L’écriture du fantastique





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LE FANTÔME

DE PETER BOTH
(Portraits et paysage

Thème : L’écriture du fantastique)

Professeur : M. ANGRAND

4ème – Collaboration infirmières collège

Année : 2010-2011

La Coutume de Paris, en vigueur à Bourbon, qui partageait les héritages entre tous les enfants, amena une miniaturisation des concessions existantes d’autant plus nuisible que les partages étaient faits dans la largeur, mesurées au bord de la mer pour monter vers les Hauts. Les propriétés ainsi morcelées devenaient des couloirs de plusieurs lieues de longueur mais de quelques pieds de largeur. De telles lanières de terre étaient proprement inexploitables*.

Au cours des successions, ces lopins n’occupèrent plus l’espace suffisant pour subvenir aux besoins des familles. En 1836, les indigents formaient les deux tiers de la population blanche. L’abolition de l’esclavage de 1848 fit que de nombreux petits colons se retrouvèrent en quelques années complètement ruinés par la perte de leur main-d’oeuvre.

Comme il était impensable que des fils de famille s’engageassent comme ouvriers agricoles sur les domaines de familles plus aisées où ils auraient travaillé côte à côte avec les esclaves, poussés par la misère, il s’implantèrent dans les cirques, suivant en cela les traces des noirs marrons et les pistes de leurs chasseurs. La disparition progressive du marronnage dès le début du XIXe siècle avait rendu les hauts habitables. Dijoux, Payet, Hoareau, furent les premières familles à s’établir dans le cirque de Cilaos, Tsilaosa en malgache, « le lieu qu’on ne quitte pas ».

L’implantation toujours plus importante de la canne à sucre sur la côte, jointe au remembrement des propriétés, avait poussé les autres cultures à prendre le chemin des hauts, grains, légumes : maïs, haricots, lentilles, pois accompagnèrent les colons dans leur déplacement.

Les petits propriétaires entretenaient généralement un carré de cannes pour y distiller un rhum à vocation familiale, à cela venait s’ajouter la vendange des vignobles « isabelle » sur treilles. La qualité des terres alliée à la pluviométrie et à la température se montra telles que la production fut objet de troc puis de commerce. À mi-chemin entre le cherry et le porto, ce vin hautement monté en alcool du fait de l’ensoleillement, eut un tel succès de bouche qu’il eut rapidement dans l’île la réputation d’être « le vin qui rend fou ».

La vendange se déroulait en janvier et en février sous les menaces cycloniques, en juillet le vin était tiré et donnait lieu à une fête, au centre du cirque comme dans les bourgs excentrés. La fête à Peter Both, en cette année 1933 fut gâchée. Ce ne fut pas par la faute des conditions météorologiques, mais par celle d’un homme.

Cela faisait longtemps que la gazette percale, nom créole pour désigner la rumeur publique, évoquait Merlo : homme solitaire vivant à l’écart du bourg, ivre la plupart du temps, nanti de son seul chien Reviens. On prétendait que le baiseur de raque avait bousculé la vieille Bichique, qu’il avait insulté le curé de la paroisse de Cilaos un soir de Noël, qu’il avait fait peur à des thermalistes en chemin, qu’il avait jeté une pile plate à la face du maire. Qu’un soir de beuverie, de crise d’éthylisme, il s’en était pris à la case d’Iréné qui ne voulait pas lui donner de l’alcool cent-pieds et que ce dernier avait dû détaler dans la nuit en ne prononçant qu’un seul mot : « Foutor ! »

Le problème c’est que « son tèt la bloké » de plus en plus. Il suffisait parfois que des gosses chassent le tac-tac, le criquet, pour qu’il se mette à les poursuivre, sans autre raison. Nul ne le croisait sans crainte, les villageois changeaient de chemin sitôt qu’ils le voyaient. Dès qu’on apercevait même la queue de son bâtard l’espèce (son chien comme on dit ici gentiment en créole), on s’esquivait car il pouvait insulter tout le monde jusqu’au curé. Merlo était devenu la honte et la peur du village de Peter Both. Il cherchait querelle toujours. Un simple regard de travers et c’était le « totochement ». Un « gâtèr », un quitte-sa-mère, disaient les vieux. Il devait même s’en prendre aux bêtes.

La transparence du rhum, le vert du peppermint, le rouge du vin, l’ocre de l’esprit de canne, si placides dans les bouteilles, dans son corps se réveillaient et s’agitaient, le faisaient parler comme un diable. « Lo rom dann lit’ i bouze pa, dann kor i dans ». « Le diable rhum, il possède son âme », susurraient les vieilles dames. Les gendarmes, quand il les voyait de loin, là-haut, il disparaissait. Un si petit bourg ne pouvait pas demander une présence permanente des forces de l’ordre. Il fallait faire avec, avait dit le maire qui résidait à quinze kilomètres de là.

Aussi Maxime Hoareau, le buraliste, le charretier Octave, et autres gramounes du village, après s’être concertés, montèrent au piton Cabri pour s’entretenir avec Grand Jean qui vivait là dans la solitude de ses bêtes. À cette heure-là, le paysage souriait. Le costaud râleur de pioche les accueillit d’un :

« Quoi de neuf ? Vous êtes montés pourquoi ? Un nouveau pèlerinage ?

-Bonjour, Grand Jean… Laisse-nous nous reposer un ti guign. Est-ce de notre faute si tu habites si haut ? »

Les messieurs en habits du dimanche s’éventaient de leur chapeau. Les dames étaient toutes rouges et soufflaient.

« Eh bien, vous en faites une tête ! », dit Grand Jean qui faisait cuire le lait de chèvre.

Le paysage sur la gorge était à couper le souffle. Les bonnes gens s’assirent sous le petit « guétali » sommaire. Les uns sur les marches, les autres sur des troncs. Madame Francis aurait bien demandé une tisane de benjoin, si rafraîchissante, mais elle ne savait comment. Il faut dire que le paysage en remontrait à tous.

La case sous tôles de Grand Jean semblait en équilibre sur la roche. Là-haut tout ne semblait qu’abrupts, à-pics, et, devant, de l’autre côté de la rivière, d’autres parois ravinées se dressaient comme des statues. C’était impressionnant. Tout était en pentes, en creux, escarpements, précipices, gouffres, abîmes ; le paysage, là, est monstrueux, semble vaciller sur ses bases, prêt à basculer dans le vide : un panorama qui fait de la balançoire. Il y a des ravins partout dans le pays. Les gens du village bien qu’habitués au cirque contemplaient sans mot dire, presque avalés par la vue.

« Que de cachotteries ! Quel bon vent vous amène ? », souriait Grand Jean.

Octave semblait être le porte-parole de cette petite foule : « C’est Merlo.

-Merlo du bourg ?

-Oui.

-Qu’est-ce qu’il a fait encore le moun-là ?

-On veut qu’il quitte le village. Qu’il quitte le cirque. On ne peut plus vivre avec lui. »

La petite assemblée s’agitait, on approuvait. « La mauvaise dent, on l’arrache ! 

-Et qu’est-ce que vous voulez que j’y fasse ?, dit en se redressant Grand Jean.

-Nous, il ne nous écoute pas.

-Il nous envoie seulement des galets, il nous tape !

-Vous voulez que je lui parle ?

-Voilà.

-Et s’il ne part pas ?

-Tu l’y obligeras !

-Facile à dire.

-Toi, tu as l’autorité.

-L’autorité de qui ?, s’étonna Grand Jean.

-Du bourg. On est tous d’accord. Les petits, les grands, les vieilles dames, les jeunes… Si on est venu nombreux, c’est pour te le dire. »

Grand Jean les regardait comme indécis. L’assemblée reprit :

« Nous sommes venus là pour t’en prier. Tu as de la famille en bas. » Le grand gars regarda ses mains et dit « L’est bon. Je vais aller lui parler, mais je ne vous promets rien. »

Les villageois respiraient, ils arboraient un air de fête. « Nous te remercions, nous allons repartir plus légers.

-Allons, vous n’allez pas me laisser sans me dire ce que vous pensez de ma tisane benjoin... »

Madame Francis respira d’aise. C’était elle dans l’assistance qui affichait le plus beau des sourires.

À cette heure, le soleil s’était déjà dissimulé derrière un piton, il ne réapparaîtrait plus que le lendemain de l’autre côté de l’île à la mi-matinée, sur les hauteurs déchirées et surchauffées.
Le dimanche qui suivit, Grand Jean s’habilla proprement et descendit dans la ravine par les petits chemins de pierrailles pour se rendre à la case de Merlo. Ce dernier devait cuver son vin de la veille. Erreur. Il était encore debout, mais comme « babouc su la cendre chaud », il titubait. Son chien flairait les herbes chaudes.

« Merlo, tu n’as pas l’air frais. Tu devrais arrêter de boire !

-C’est ça ! Parce que tu en veux pour toi ?, rigola l’autre, brandissant une « pile plate ». Tu voudrais picoler à ma place, hein ? Je vais te dire : c’est toi alcoolo ! » Il avait la langue pâteuse.

Son sourire mettait en évidence des chicots : « Un coup d’sec ? », il levait sa petite bouteille qui était vide. « Allez… Ça i tire la fatigue ! Ça y tié microb, bon Dieu - en plus, ça y donne courage ! Produit la terre, ça : 100% naturel !

-Non merci.

-Ça n’a pas l’air d’aller ; lo rum, ça y fait fane tracas… 

-Je ne suis pas venu pour ça.

-Ah bon ? Alors pourquoi ? »

Pendant que Merlo le regardait étonné, son chien reniflait le pantalon de Grand Jean.

« Les gens du bourg m’ont demandé de te faire la commission : ils souhaitent que tu quittes le cirque.

-Sa bann la moucate… Et puis poukwa fo mi sa va ? Mi lé né ici, mi mort ici ! Personne tire à mouin ici !

-D’accord, alors bois chez toi, et cuve chez toi !

-SA Y GARD PA OU ! », s’emporta-t-il et il lança sa « pile plate » contre un rocher, la bouteille éclata. Son chien maigre, Reviens, la queue entre les jambes, devenait nerveux.

« Reviens, couchez ! Tu es venu faire le curé chez moi ? Lui aussi, il boit le vin du baptême, et plus que moi, avec tous les enfants qui naissent ! Un vrai poivrot ! Déguerpis d’ici. Je t’ai assez vu !

-Calme-toi, Merlo, on discute.

-On discute si je veux, fous-moi le camp !

-C’est toi qui dois partir, toute la vallée ne veut plus te voir. Va à Saint-Louis, le village est prêt à te donner de l’argent pour te voir partir. »

Merlo avait pris un rocher et s’était précipité sur Grand Jean. Le solide gaillard l’avait empoigné, l’alcool avait décuplé les forces de Merlo. Il en fut ébranlé. Le chien aboyait dans les jambes des lutteurs. Grand Jean sous la poussée glissa et tomba. Il lui fallut donner un coup de pied dans la poitrine de Merlo pour l’éloigner, celui-ci, sous la violence de la poussée, fut projeté, puis il tituba, chancela, glissa, essaya de se rattraper des mains, mais disparut dans un bruit d’éboulement. Quelques secondes plus tard, Grand Jean entendit un bruit mat comme celui d’un gros sac qui tombe sur la roche. Il se releva, s’approcha du précipice. Il vit le chien de Merlo qui descendait en courant la pente sur la gauche, en contrebas le corps ensanglanté. Il repartit au village.

Les gars du village eurent toutes les peines du monde à approcher du corps de l’accidenté. Le chien rendu fou furieux aboyait et menaçait, il fallut user de galets pour l’éloigner. Sitôt qu’on s’apprêtait à toucher au cadavre de son maître, l’animal revenait, on le repoussait avec des branches et des machettes. Puis, voyant que son maître était sur une civière de fortune, le chien suivit de loin le convoi, docilement. Durant la messe, le chien s’était couché à distance. Le corps fut enterré en terre consacrée. Dès que le dernier terrassier eut quitté la tombe, le chien vint s’y traîner et s’y coucher. Il resta enroulé à cette place, une maigre queue en écharpe. Sous le soleil et sous la pluie ; des jours durant.

Mais la nuit, l’animal se mettait à hurler, d’une façon si poignante que les villageois cherchèrent à se débarrasser de lui. En vain. Si la journée on ne le voyait plus, la nuit c’était de nouveaux gémissements. Cela dura un mois, un mois et demi. Les hurlements s’espacèrent. Puis, un matin, alors que le soleil était encore du côté du volcan, un paroissien découvrit sur la tombe du Merlo le cadavre du chien, méconnaissable, étriqué, la poitrine creusée, les babines retroussées, le poil abîmé. L’animal s’était laissé mourir de faim et de fatigue sur la tombe de son maître.

Son cadavre fut précipité au fond d’une ravine sèche.
Depuis la mort de Merlo, Grand Jean était devenu taciturne, renfermé. On le voyait moins au village où il faisait du troc et des courses, mais moins souvent. Quand les gens du village lui demandaient des nouvelles, il répondait qu’il était « maf », éreinté. « Tu travailles trop !

–Ce n’est pas ça. J’ai du mal à dormir.

–Prends z’herbages.

-Merci out conseil, tonton Albert. »

En réalité, Jean ne dormait plus, il retardait le moment d’entrer dans la case, le moment de se coucher, de s’effondrer, de sombrer dans le sommeil. Il ne dormait plus qu’avec deux bougies allumées, sur un fauteuil souvent, rarement dans son lit, depuis qu’il avait commencé à voir l’Apparition. Oui, l’Apparition. Il n’avait pas osé en parler au village : on l’aurait traité de fou. Il en repoussait même l’idée avec effroi. Et c’était vrai, il avait peur, peur comme un enfant, de la nuit, de l’obscurité, de son épaisseur mystérieuse. Il s’enfermait à double tour, calait une poutre sur la traverse de la porte pour la consolider, calfeutrait les fenêtres, traquait les fentes, chassait à coup de bougies les ténèbres, puis les ombres, il se confectionnait des boules de coton pour s’enfoncer dans les oreilles avant de sombrer, las, dans un sommeil profond.

La première nuit qu’il avait entendu du bruit, il avait eu le poil hérissé, il s’était mis sur les coudes et avait scruté le noir, il avait vu, oui, il avait bien vu deux points brillants suspendus dans l’obscurité. « QUOI C’EST ? », avait-il dit fort comme pour se rassurer par le son de sa propre voix. Les deux choses luisantes ne remuaient pas. Il prit un objet dans le noir, une mangue mûre, et il l’envoya en direction de ces choses. En vain. Puis il était resté bien vingt minutes à observer, luttant contre la fatigue, contre le sommeil. À l’aube, il s’était réveillé en sursaut et regardant devant lui, à la lueur du jour qui filtrait à travers les interstices, il ne distingua rien. La mangue avait éclaté et craché ses morceaux orange. Il avait une mauvaise sensation ; en se passant la main, il s’aperçut qu’il avait mal au cou et à la gorge. Il n’y prêta pas attention, et mit l’apparition sur le compte de la fatigue et du cauchemar.

Or, quelque temps plus tard cela revint, toujours au plus profond de la nuit. Deux points lumineux, rouges comme deux braises, brillantes. De la main qu’il étendit sur la planche qui lui servait de table de chevet, il se mit à fouiller, cherchant, pressé, les allumettes, il trembla tant qu’il fit tomber le couteau qui s’y trouvait. Les ayant trouvées, il en gratta une et à la lueur de la flamme, il vit deux yeux luisants et une forme qui le regardait. Il eut du mal à identifier cette forme ; il était hypnotisé. Il craqua fébrilement trois allumettes avant de se pencher pour prendre le couteau qui était tombé sur le sol. Il arma son geste et avec une brutalité qui le surprit lui-même, il envoya la lame en sa direction. L’objet avait traversé l’apparition et s’était fichée dans un meuble, dans un bruit effroyable. Il murmura : « Ça n’existe pas… Ça n’existe pas… C’est le fruit de mon imagination… » La flamme vacilla et s’éteignit dans une dernière convulsion. Jean s’effondra sur le kapok du matelas pour s’engouffrer dans un sommeil agité. Au matin, la douleur au cou lui fit croire qu’il avait dormi la tête à demi extérieure au lit.

De sombres pensées l’agitèrent ce matin-là, accroupi sous le farfar, cette petite cuisine de plein air. L’apparition avait une forme plus définie, et cette forme n’était autre que celle d’un chien. C’était plus de l’eau chaude qu’il versait dans la grègue, c’était des pensées et l’odeur café qu’il répandait lui était plus amère. Ce chien, il semblait être le chien fidèle de Merlo, comment s’appelait-il déjà ? Reviens, oui, c’est cela. C’est Revient qui revient, et cette idée le faisait rire -stupide.

Mais cela recommença presque toutes les nuits, avec une régularité implacable, horrible. Jean était tantôt réveillé par un grognement sourd, tantôt par un mouvement furtif, par des lueurs rouges. Et chaque fois qu’il levait les yeux, deux points ardents le fixaient. « VA-T-EN !, criait-il, FICHE-MOI LA PAIX ! TON MAÎTRE EST MORT, C’EST À TOI DE MOURIR ! » Il se signait fébrilement prononçant les quelques paroles d’Ave Maria qu’il connaissait et reprit d’une voix forte comme s’il prenait à parti l’univers : « LES MORTS AVEC LES MORTS, LES VIVANTS AVEC LES VIVANTS ! »

Au village, on ne voyait plus Grand Jean, il ne descendait plus. Même si on ne l’apercevait qu’une fois par semaine, son absence laissait des inquiétudes. À l’heure du rhum, on en discutait. On levait les yeux vers les pitons et on disait : « C’est vrai qu’il n’a pas l’air bien, ces temps-ci, faudrait peut-être monter pour savoir s’il a besoin de quelque chose… »

Finalement au bout d’une semaine d’absence, cinq hommes se décidèrent pour monter là-haut. Parmi eux, il y avait Francis, le bazardier qui était fourré partout, les frères Joseph et Octave, des gars au tempérament bien trempé. Ils montèrent en hâte un dimanche, ils arrivèrent vers onze heures. Ils cognèrent à la porte, elle était solidement fermée de l’intérieur. Les fenêtres aussi étaient barricadées, il n’y avait rien à faire d’autre, devant le silence inquiétant, que d’attaquer la porte à coups de machette. Ils s’y prirent à trois en se relayant, tant la tâche était dure. Quand ils eurent pu dégager un trou, ils crochetèrent avec la machette la serrure et ôtèrent la barre d’appui. Quand ils pénétrèrent dans l’obscurité de la cabane, ils se rendirent compte que tous les interstices, entre les planches, entre la tôle et les murs même avaient été comblés par des tissus ou du papier. Aucun rayon ne pouvait entrer à l’intérieur. Les affaires paraissaient en désordre. Grand Jean était allongé de tout son long, dans son lit, inerte –lui qui semblait la force incarnée. Les villageois s’approchèrent. Il y avait du sang partout, qui avait imprégné les draps et le matelas. Les yeux du mort, tellement écarquillés, marquaient l’effroi, le visage était convulsé, la bouche ouverte comme si elle avait voulu appeler, comme s’il avait vu le diable. Autour du cou, les traces d’une morsure profonde de chien. Personne ne lui avait jamais connu de chien, et puis cette maison qui était close de l’intérieur… Les cinq hommes se regardèrent en silence et se signèrent, au nom du Christ.

***

LES RISQUES DE L’ALCOOL


Immédiats :

-Diminution de la vigilance et des réflexes, somnolence.

-Troubles digestifs.

-Perte de contrôle de soi : actes de violence, perte de capacités à se défendre, risques sexuels, accidents graves de la route, accidents du travail…

-Suicide.

-Perte de conscience : coma éthylique.
À Moyen terme :

-Risques d’apparition ou d’augmentation de troubles psychologiques.

-Dépendance physique et psychique pouvant entraîner la détérioration des liens familiaux, sociaux et professionnels.

-Détérioration de la santé physique : cirrhoses, cancers, hypertension, maladies cardio-vasculaires.

-Détérioration de la santé psychique : anxiété, dépression, insomnie, démences, maladie neurologiques…

-Chez les femmes enceintes, risques pour le fœtus (malformations, naissance prématurée, altérations du cerveau).
À mes filles,

à Nicolas –qui ne boit pas.

(129ème)

FICHE PÉDAGOGIQUE 



-ÉCRITURE D’UN RÉCIT FANTASTIQUE, niveau 4ème-


Introduction :

L’étude de la nouvelle fantastique est inscrite au programme de 4ème au même titre que la poésie lyrique ou la lettre.

L’enseignant se propose l’enjeu d’intégrer les cultures réunionnaises à son cours dans le but que les élèves prennent conscience que leur propre savoir peut être réutilisé en tant qu’éléments constitutifs de récits. C’est une façon de respecter l’individu que de lui permettre de se construire en fonction de ce qu’il est et de l’environnement qui le compose. Je renvoie en cela le lecteur aux travaux en ligne du professeur en Sciences de l’Éducation de l’Université des Antilles-Guyane, M. Eugène GOURPIL.
Compétences mises en œuvre :

Ce travail d’élaboration met en œuvre les compétences suivantes du socle commun, palier 3 :

-Compétence 1 : Maîtrise de la langue française.

Écrire : -Écrire lisiblement un texte spontanément en respectant l’orthographe et la grammaire.

-Rédiger un texte cohérent et ponctué en réponse à partir de consignes données.

S’exprimer à l’oral : -Participer à un échange verbal.

-Compétence 5 : La culture humaniste

Avoir des connaissances et des repères : -Relevant de l’espace : les principales caractéristiques géographiques de la France et de l’Europe.

Lire et pratiquer différents langages : -Connaître et pratiquer diverses formes d’expression à visée littéraire.

-Compétence 7 : L’autonomie et l’initiative.
Séance de mise en place :

1.Objectifs : s’approprier l’espace de vie ; description d’un paysage de l’île en tant que décor dynamique d’un récit.

Afin d’entreprendre la description d’un cirque, la description de la montagne, le professeur en recueille auprès des élèves le champ lexical (usage de dictionnaires avec synonymes recommandé).

Le but étant d’arriver à décrire un paysage en basculement (préfiguration de ce qui arrivera à un des personnages de l’histoire, et à l’histoire elle-même).
2.Objectifs : description d’une conduite addictive pour élaborer un portrait en mouvement (en opposition au portrait figé préalablement vu), construire un personnage atypique.

-Verbes de parole et verbes d’action en lien avec l’absorption de drogues (hurler, tituber, bafouiller, hésiter, trembler, gesticuler, vociférer, ânonner, etc.).

-Mise en situation du personnage, réinvestissement du vocabulaire (rédaction de phrases simples).
3.Objectif : Concevoir la narration sous forme d’une suite de situations.

-Mise en place du schéma actanciel : 2 groupes de personnages.

L’échange avec la classe amène, en dégageant les premiers éléments de la logique narrative, à cette opposition : l’ivrogne et son chien/la population.

-Mise en évidence de la progression narrative :

a.Conflit entre l’alcoolique et ses victimes : les élèves sont amenés à en imaginer des exemples…

b.Résolution : intervention d’un personnage représentatif de l’opinion du village et résumant ses qualités. Intégration du paysage en tant que dynamique du récit en lien avec la partie 1.

c.La vengeance avec l’apparition du fantastique. Le professeur doit insister sur la nécessité d’une fin ouverte dans le récit fantastique. Un texte fantastique est un texte qui demeure ouvert, suspendu (les élèves ayant tendance à clore leur narration).
4.Objectif : Débuter la narration d’un texte à caractère réaliste. Comment et par quoi commencer ?

À l’oral des propositions sont faites.

Mettre les élèves en écriture, passer derrière eux pour en vérifier la pertinence, donner des conseils, corriger les fautes de syntaxe.

-L’utilisation du créole en français : problématique.

Permettre l’utilisation du créole, en demander l’équivalent en français.

Objectifs : Prendre conscience des similitudes et des différences entre le créole et le français. Mieux s’approprier sa propre langue.
Fin de séance :

L’exercice doit être finalisé à la maison et rendu à la séance suivante, ou bien une séance d’évaluation peut être réalisée.

Méthode d’ensemble : Le récit s’élabore dans un dialogue avec la classe : le professeur proposant des hypothèses et les élèves trouvant les conséquences, la plus porteuse étant retenue. Ce questionnement a pour objectif d’éprouver collectivement la rigueur logique du texte, donc sa dynamique et sa force.
Un corrigé est proposé par la suite à la classe sous forme d’un livret, clos au moyen d’un supplément médical intégré et réalisé en collaboration avec l’infirmerie du collège.

La lecture qui en est faite est à voix haute, tour à tour par le professeur et les élèves. Nous soulignons que les passages en créoles trouvent un bon accueil de la part de la classe (Source : Petit glossaire créole de Jules Bénard, aux éditions Azalées).


Jean-Charles Angrand,

professeur de lettres modernes au collège Mille-Roches, Saint-André.

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