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LM4 La poésie engagée HIDA « Barbara » de Jacques Prévert
Jacques Prévert est un poète « populaire » français du XX° siècle (1900-1977). Il a connu le succès avec son recueil de poésies « Paroles ». Il participa au mouvement « surréaliste »*. Ses poèmes se caractérisent par des jeux de mots et un travail poétique sur le langage courant.
Ce poème se réfère aux 165 bombardements qui ont entièrement détruit Brest entre le 19 Juin 1940 et le 18 Septembre 1944. Cette ville est emblématique * (objet ou être chargé de représenter quelque chose) des destructions engendrées pendant la seconde guerre mondiale. Le poème est écrit en vers libres , sans strophes, sans rimes, sans ponctuation. Il permet au poète d’avoir une certaine liberté pour s’exprimer et souligner que l’enjeu poétique est davantage dans les mots que dans la forme. La visée de ce poème est de dénoncer la guerre à travers une histoire d’amour qui pourrait être celle de chacun.
Il y a deux parties dans ce poème : -Vers 1 à 36 : la rencontre amoureuse. On peut le voir grâce au champ lexical de l’amour, du bonheur . Cette rencontre a eu lieu dans le passé (temps) -vers 37 à la fin : La destruction par la guerre. (champ lexical de la guerre)(temps du présent) On constate un paradoxe* (association de deux idées contraires) qui choque le lecteur du poème. On passe de l’Amour, sentiment pur et élévé à la destruction. Le vers 37 « Quelle connerie la guerre » provoque une rupture, une destruction du poème et de la « richesse » des mots. On passe à un langage très familier. La pluie est un élément de la Nature très présent tout au long du poème. Cependant elle n’a pas la même valeur symbolique. Au début elle est cet élément « rafraîchissant » qui provoque la rencontre sous un porche pour nos deux amoureux « pluie sage et heureuse » v31 puis elle devient métaphoriquement la guerre avec « la pluie de fer, de feu, d’acier, de sang » v40 41 et enfin au moment de l’énonciation elle reste cette pluie qui ressemble aux larmes de désespoir « pluie de deuil terrible et désolée » v51 Même la pluie peut détruire une vie.
Souvent dans la poésie engagée, le poète parle. C’est ici le cas avec l’emploi du pronom personnel « je ». Il s’adresse à « Barbara », nom doux par ses assonances en « a » mais rude par ses allitérations en « r ». Ce prénom même est un paradoxe. Cette jeune femme est aussi symbolique de toutes les femmes qui ont aimé : elle est »souriante, épanouie, ravie, ruisselante » vers que l’on retrouve au vers 21 dans un autre sens pour mieux montrer qu’elle est un tout . Le poète la tutoie pour mieux faire comprendre l’intimité de l’amour qui est un sentiment unique pour chacun mais tellement universel. »tous ceux que j’aime » (l’homme). Il veut qu’ « elle se rappelle » (anaphore) pour que ce sentiment survive à l’horreur qu’il décrit ensuite c’est une sorte de litanie * (prière) Le poète est en effet révolté de ce qui s’est passé. Il utilise un registre très familier « connerie, pourrir » et une comparaison dérangeante « des nuages qui crèvent comme des chiens » pour que le lecteur ait ce sentiment de colère, de dégoût de la guerre. Le poème se termine sur un mot sémantiquement très fort » rien ». Tout espoir est perdu si « Barbara » ne se rappelle pas. Le souvenir doit être le plus fort. Conclusion : C’est un poème d’amour qui « tourne » au poème engagé avec la dénonciation de la guerre. On peut penser que le poète adepte de jeux de mots a pu jouer avec le prénom « Barbara » qui se rapproche phonétiquement de « Barbarie ». L’un est le symbole de l’amour, de la femme, l’autre de ce que l’homme est capable de faire de pire. Cependant tout espoir n’est pas perdu si le souvenir reste et la pluie, élément constant de ce poème montre une certaine continuité comme l’absence de ponctuation. La vie continue. |