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à faire chorus avec lui. Leurs éloges pompeux ne firent qu’exalter sa folle allégresse. Il appela aussitôt un homme de l’hôtel, et le pria de coller la pièce de soie sur du papier et d’en former un rouleau ; puis il la serra précieusement comme si c’eût été un trésor. Toutes les fois qu’il rencontrait quelqu’un, il ne manquait pas de se décerner les plus fastueux éloges. Un mois après, l’empereur ayant rendu le décret qui le nommait préfet du département de Song-kiang, tous ses parents et amis vinrent lui offrir leurs félicitations. Yên-wén-ou fit préparer un repas et les traita d’une manière splendide ; mais ayant bu au point d’être ivre, il ne put maîtriser sa sotte vanité. Il sortit la pièce de satin et l’éventail et les fit voir aux convives. Après les avoir examinés, les uns vantèrent la beauté des vers, les autres l’élégance de la prose ; ceux-ci louaient la forme exquise des caractères, ceux-là la manière flatteuse dont on y peignait Yên-wén-ou. Toute l’assemblée faisait assaut de louanges ; c’étaient des compliments sans fin. Dans le nombre, se trouvait un hôte quelque peu versé en littérature. Son nom de famille était Song, son petit nom Sîn et son nom honorifique Tseu-tching ; il était tout au plus capable de faire une ou deux pièces de vers d’un style vulgaire. Sa principale occupation était d’aller et venir dans la p.079 maison des magistrats. Ce jour-là, il se trouvait par hasard parmi les convives qui étaient venus féliciter Yên-wén-ou. Les voyant tous débiter des éloges sans fin, il se contenta de sourire froidement. Yên-wén-ou soupçonna qu’il ne riait pas sans motif. — Monsieur Tseu-tching, lui demanda-t-il, pourquoi riez-vous de la sorte ? Y aurait-il quelque défaut dans les vers ? — Quel défaut pourrait-il y avoir ? répondit Song-sîn. — Eh bien ! reprit Yên-wén-ou, s’il n’y a nul défaut, pourquoi riez-vous ainsi, monsieur ? J’imagine que vous avez cru y découvrir quelques taches. — Pour des taches, il n’y en a vraiment aucune, répartit Song-sîn, seulement votre seigneurie ne devrait pas tant admirer ces deux inscriptions. — Lorsque je m’y vois loué si pompeusement, dit Yên-wén-ou, comment pourrais-je ne pas y attacher un grand prix ? — Seigneur, répartit Song-sîn, comment pouvez-vous y découvrir de pompeux éloges ? — Monsieur, lui dit Yên-wén-ou, j’y vois les mots Sân-thaï (les trois étoiles Thaï de la Grande Ourse) et Tong-ko (la salle de l’est 95) ; n’indiquent-ils pas d’une manière flatteuse que je descends d’un ministre d’État ? Les mots Hoang-t’ang (salle jaune) et Ou-ma (cinq chevaux 96) ne disent-ils pas, à ma louange, que je viens d’être élevé à la dignité de préfet ? Les mots Tsao-t’ien-ti, etc. (elle a donné l’équilibre au ciel et à la terre), Khaï-kou-kîn, etc. p.080 (elle a ouvert les yeux et les oreilles des anciens et des modernes), n’ont-ils pas pour but d’exalter l’éclat de ma réputation et de mon mérite ? — Eh bien ! soit, dit Song-sîn en riant ; mais je vois sur l’éventail : le soleil brille tout seul ; la route est inégale 97. Dites-moi un peu quelles sont celles de vos qualités dont ces passages font l’éloge ? Sur la pièce de soie peinte, je lis encore les mots : couper les pieds de la tortue ‘Ao ; dissiper les nuages ; prendre son équilibre ; les sourds et les aveugles. Dites-moi encore, seigneur, quel genre de mérite ces expressions louent en vous ? Je vous engage à les méditer avec attention. A ces mots, Yên-wén-ou resta muet et ne put dire un seul mot ; puis, après quelques instants de réflexion : — Je vous avoue, dit-il, que je n’y comprends rien ; j’ose vous prier, monsieur Tseu-tching, de daigner m’éclairer. — Seigneur, dit Song-sîn en riant de nouveau, quelle espèce d’intelligence avez-vous donc ? comment se fait-il que vous n’ayez pas découvert de suite ces vétilles ? Elle dit que le soleil brille tout seul ; c’est pour vous plaisanter sur votre œil unique ; les mots : l’inégalité de la route, sont la critique du pied boiteux de votre seigneurie ; les mots : couper les pieds de la tortue ‘Ao, dissiper les nuages, renferment les mêmes railleries. Yên-wén-ou fut tellement honteux de cette explication que tout son visage devint pourpre ; puis s’abandonnant à une violente colère. — Ainsi donc, dit-il, j’ai été bafoué par cette petite scélérate ! A ces mots, il prit la pièce de p.081 soie peinte ainsi que l’éventail et les déchira en mille pièces. Les convives s’efforcèrent de le calmer. — Nous ne pouvons croire, lui dirent-ils, que cette petite fille ait eu de pareilles intentions. Song-sîn lui-même chercha à l’adoucir. — Seigneur, dit-il, si vous vous êtes emporté si fort, c’est que j’ai eu la langue trop longue. — Monsieur, lui dit Yên-wén-ou, si vous n’eussiez pas ouvert mon esprit, j’aurais suspendu la pièce de soie peinte au milieu de mon salon, et je me serais servi tous les jours de l’éventail doré. N’aurais-je pas été en butte à toutes les railleries du public ? — Si encore c’était un homme, lui dit Song-sîn, il vous serait aisé de vous expliquer avec lui ; mais c’est une petite fille qui a obtenu par hasard l’amitié et la faveur du souverain. Quel véritable talent peut-elle avoir ? A quoi bon vous occuper d’elle ? — Bien qu’elle soit petite, répartit Yên-wén-ou, elle a vraiment un esprit détestable. Elle se prévaut de la puissance du ministre d’État ; voilà pourquoi elle montre tant d’insolence. Ne suis-je pas moi-même le fils d’un ministre d’État ? Comment consentirais-je à endurer ses sarcasmes et ses railleries ? Je veux absolument lui faire donner une rude leçon ; ma juste colère ne s’apaisera qu’à ce prix. Tous les convives l’engagèrent vingt fois à se calmer, mais il ne voulut rien entendre. Bientôt après, ils se retirèrent. Par suite de cette aventure, Yên-wén-ou passa toute la nuit dans une grande agitation. Il aurait bien voulu renfermer sa colère, mais son cœur était trop ulcéré ; il aurait voulu la faire châtier, mais il ne savait comment p.082 s’y prendre. Il avait un proche parent dont le nom de famille était Téou, et le nom d’enfance Koué-i. Il s’était élevé du grade de Tsîn-ssé (docteur) à la charge de préfet d’un district. Depuis peu, il venait d’obtenir, après avoir subi ses examens, la place de Ki-ssé-tchong 98. Ils étaient tous deux cousins germains et se voyaient journellement. « Si j’allais conférer avec lui, se dit secrètement Yên-wén-ou, peut-être me suggérerait-il quelque bon stratagème. » Le lendemain, il se leva de bonne heure, et étant venu trouver Téou-koué-i, il lui raconta son affaire de point en point, et le pria de lui fournir quelque moyen pour la faire châtier d’importance. — Précédemment, lui dit Téou-koué-i, j’avais bien entendu citer le nom d’une petite fille de talent ; mais est-il possible qu’une fille de dix ans soit en état de composer ainsi des vers ou de la prose élégante ? C’est tout simplement le vieux Chân qui, pour vanter et exalter sa fille, a tenu le pinceau à sa place, et a fait tomber tout le monde dans ses pièges. L’empereur lui-même, faute d’attention, s’y est laissé prendre dans le premier moment, et l’a honorée d’une faveur exagérée. Aussitôt le vieux Chân a fait passer le faux pour le vrai, et ne garde plus aucune mesure. — Je vous avoue, répondit Yên-wén-ou, que si la petite fille est réellement l’auteur de ces vers, on peut encore avoir de l’indulgence pour elle ; mais si le vieux Chân a composé à sa place, et a abusé de sa dignité actuelle de p.083 ministre pour insulter en moi le fils d’un ministre qui n’est plus, c’est une chose plus odieuse encore. Mais je ne suis que préfet, comment pourrais-je faire châtier un ministre ? Il faut, cher cousin, que vous preniez fait et cause pour moi. — Ce n’est pas bien difficile, reprit Téou-koué-i, attendez un peu ; demain matin j’adresserai à l’empereur un rapport contre lui ; je me fais fort de le couvrir de confusion. — Si vous pouvez me rendre ce service, lui dit Yên-wén-ou, non seulement je vous en aurai toute ma vie une reconnaissance infinie, mais je veux encore vous offrir mille onces d’argent. — Comment un proche parent pourrait-il parler ainsi ? reprit Téou-koué-i en souriant. Quelques jours après, Téou-koué-i adressa en effet un rapport à l’empereur. A cette époque, le fils du ciel, qui était doué de profondes lumières, s’occupait avec le plus grand soin des affaires de l’administration. Toutes les fois qu’on lui avait adressé un rapport, il ne manquait jamais de le lire lui-même. Ce jour-là, ses yeux tombèrent tout à coup sur une pièce qui était ainsi conçue : Rapport de Téou-koué-i, messager impérial près du ministère des travaux publics, au sujet du premier ministre, qui, sous le masque du talent, a bassement flatté le souverain, et a porté un grave préjudice à l’honneur du gouvernement. « Suivant ce que j’ai entendu dire, pour que le talent obtienne la haute estime de l’empereur, il faut qu’il soit p.084 solide et vrai. Pour cette raison, cinq officiers furent cités avec éloge à la cour de Cheun, et huit lettrés brillèrent à la cour des Tchéou ; les Hân établirent trois vieillards à la porte du pont, et les Thang réunirent les hommes les plus illustres dans la salle du tigre blanc. C’étaient tous de grands lettrés d’une érudition profonde et des écrivains d’un mérite éminent. Or, je n’ai jamais entendu dire qu’une petite fille de dix ans, dont la bouche sent encore le lait de sa nourrice, ait usurpé frauduleusement le titre de fille de talent et qu’elle ait obtenu, sans aucun titre, la bienveillance de l’empereur ; qu’en vertu d’un décret, elle ait construit un pavillon fastueux et fait du bruit dans la ville de Tchang-’ân ; qu’elle ait déchiré de ses sarcasmes les lettrés de l’empire, et qu’elle ait porté un grave préjudice à l’honneur du gouvernement. Voilà pourtant ce qu’a fait Chân-taï, la fille de Chân-hiên-jîn, l’un des membres du conseil privé. Chân-taï est issue d’une famille opulente ; elle est à peine sortie de l’enfance. Quoiqu’elle ait de l’esprit naturel et de l’intelligence, elle n’a ni maître ni amis pour l’instruire, et bien qu’elle sache tout au plus barbouiller quelques caractères, elle s’arroge le titre de fille de talent. Comment a-t-elle osé, en écrivant, à l’aide d’une fraude insigne, les vers sur les hirondelles blanches, mettre en défaut la perspicacité de Votre Majesté, troubler l’esprit des officiers de la cour, recevoir sans motif vos augustes bienfaits. et usurper impudemment le nom de fille de talent ? Fière de l’autorité du ministre d’État (son père), elle a fait construire un pavillon et l’a décoré du titre pompeux de Yu-tchi-léou (le pavillon du pied de jade). Ne sont-ce pas là des p.085 prétentions exorbitantes ? Si elle eût employé ces moyens pour se choisir un époux ou faire sonner sa réputation, cela pourrait encore passer, mais elle a osé se procurer à prix d’argent des vers et de la prose élégante, et quoiqu’elle soit une petite fille qui sent encore le lait de sa nourrice, elle a voulu éclipser par là des académiciens, des nobles et de hauts dignitaires de l’État. Ce n’est pas tout : à l’aide de paroles téméraires et de propos vides de sens, elle a tourné en ridicule des lettrés éminents. Cependant ces mêmes lettrés sont les officiers de l’empereur ; outrager les officiers de l’empereur, c’est outrager l’empereur lui-même. Chân-taï est une petite fille sans discernement ; il n’y a certainement pas lieu de la corriger. Mais Chân-hiên-jîn, qui est un ministre du rang le plus élevé, a osé faire passer le faux pour le vrai, et a porté un grave préjudice à l’honneur du gouvernement ; il m’est impossible d’imaginer quel a été son but. Pour moi, qui ai été chargé par une faveur insigne du ministère de la parole, ayant vu de mes propres yeux la conduite aussi folle qu’insolente de cette petite fille, je n’ai pu me dispenser de vous présenter mon rapport. Je supplie humblement Votre Majesté d’examiner cette affaire à l’aide de ses lumières divines, puis de retirer les quatre caractères tracés par le pinceau impérial, de faire démolir le pavillon qu’elle a construit, et de charger le bureau compétent de rechercher la personne qui a composé à sa place. Alors les coupables flatteurs seront démasqués et les fonctionnaires de l’État pourront respirer en paix. « Voici les motifs de mon respectueux rapport. » p.086 L’empereur ayant lu cet écrit, ne pût s’empêcher de sourire. Téou-koué-i, se dit-il, accuse Chân-taï de s’être fait une vaine réputation, et de m’avoir ainsi jeté dans l’erreur : croit-il donc que l’on puisse si facilement m’abuser ? C’est un stupide lettré dont la vue est aussi bornée que s’il regardait le ciel du fond d’un puits. A ces mots, il fit avec son pinceau impérial la réponse suivante : « Téou-koué-i, puisque vous soupçonnez Chân-taï d’avoir fait passer le faux pour le vrai, je vous ordonne de vous rendre en personne au pavillon du pied de jade et de concourir avec elle, tête à tête, pour les vers et la prose élégante. Je charge les membres du bureau Ssé-li-kiên d’examiner vos compositions. Si vous l’emportez sur Chân-taï, je me ferai un devoir de lui retirer les caractères tracés par le pinceau impérial 99 et de la châtier ; mais si Chân-taï l’emporte sur vous, votre accusation mensongère ne restera pas impunie. Que le bureau compétent prenne connaissance de ceci. » Dès que Téou-koué-i eut vu le décret impérial, il fut saisi de crainte. « Les affaires des autres, s’écria-t-il, me tombent sur le corps ! Quoiqu’on me donne le titre de Tsîn-ssé (docteur), je suis tout au plus capable d’écrire quelque pièce de prose dans le goût moderne ; quant à la poésie et au wén-tchang (la prose élégante), en vérité, je n’en ai jamais fait mon étude. Si je vais concourir avec Chân-taï et que j’aie l’avantage sur elle, ce n’est qu’une p.087 petite fille ; quel avancement, quelles récompenses pourront m’en revenir ? Mais si, dans le moment, je ne puis venir à bout de ma composition et que je sois vaincu par elle, bien que les paroles téméraires d’un moniteur impérial ne puissent donner lieu qu’à une peine légère, ne serai-je pas immolé par les railleries du public ? » Il invita en conséquence Yên-wén-ou et plusieurs personnes du même hôtel à délibérer mûrement avec lui. Ce jour là, Song-sîn se trouvait du nombre. — Lorsqu’une fille de dix ans, leur dit-il, passe pour habile en poésie ou en wén-tchang (prose élégante), soyez sûrs que quelqu’un a tenu le pinceau pour elle, et a fait voler son nom de bouche en bouche. Si, par ordre impérial, vous composez tête à tête avec elle, et qu’on charge quelques servantes de se tenir à ses côtés et de l’observer de près, elle trahira elle-même son ignorance. Et puis, quand elle viendrait à bout de barbouiller [quelques lignes], serait-il possible que l’honorable Téou, qui a obtenu au concours le grade de Tsîn-ssé (docteur), pût rester au-dessous d’une petite fille ? Si l’honorable Téou ne se soucie pas d’y aller lui-même, de peur de compromettre sa dignité, pourquoi ne présenterait-il pas, pour concourir à sa place, quelques lettrés d’un talent renommé ? De cette façon le succès est assuré. — Approuvé, approuvé, s’écria Téou-koué-i, transporté de joie. Sans perdre de temps, il présenta le lendemain un nouveau mémoire qui était ainsi conçu : p.088 Rapport de Téou-koué-i, messager impérial près le ministère des travaux publics, lequel présente spécialement au concours des hommes de talent, pour qu’on puisse scruter à fond le vrai et le faux et réparer l’honneur du gouvernement. « Ces jours derniers, j’ai présenté un rapport contre Chân-taï, fille de Chân-hiên-jîn, membre du conseil d’État, laquelle a altéré la vérité à l’aide d’un talent mensonger. Votre Majesté a daigné m’ordonner d’aller en personne dans le pavillon du pied de jade et de composer tête à tête avec Chân-taï, en poésie et en prose élégante, afin de prononcer sa condamnation. Pour obéir a votre décret, je devrais aller de suite composer avec elle. Seulement, depuis que je suis dans ma charge, je manie tout le long du jour des registres arides, et il y a bien longtemps que j’ai quitté les lettres et y suis devenu étranger. Je crains, si je fais une composition vulgaire et sans mérite, de nuire à la considération du gouvernement. C’est pourquoi j’ose présenter à ma place Tchéou-kong-meng, gardien des joyaux de la couronne et Hia-tchi-tchong, membre libre de l’Académie des Hân-lîn, qui se distinguent à la fois par la supériorité de leur talent et la beauté de leur style, afin qu’ils concourent avec Chân-taï pour le wén-tchang (la prose élégante) ; Pou-ki-thong, intendant du tribunal des rites, et Song-sîn, lettré, sans emploi, qui connaissent les airs anciens et modernes, et possèdent en perfection les qualités qui brillent dans les trois cents odes 100, pourront composer avec Chân-taï en p.089 vers et en chansons ; Mou-li, l’huissier des hôtes distingués, qui est profondément versé dans la musique vocale, pourra composer en romances avec Chân-taï ; Yên-koueï, le secrétaire impérial, qui excelle à la fois dans l’écriture régulière et l’écriture cursive, pourra composer en calligraphie avec Chân-taï. Je supplie humblement Votre Majesté d’ordonner par un décret à ces six personnages d’aller concourir avec Chân-taï. Alors le vrai ou le faux éclateront d’eux-mêmes, et ce qui est vain ou solide apparaîtra au grand jour. Si ces six lettrés ne remportent pas la victoire, je subirai avec joie le châtiment dû à un rapport mensonger. Mais si l’artifice diabolique de Chân-taï vient à être ruiné, j’ose espérer que, conformément au décret précédent, Votre Majesté la punira comme il faut. Ce sera fort heureux pour les fonctionnaires publics et pour l’honneur du gouvernement. » L’empereur, ayant fini de lire ce rapport, dit en souriant : « Il n’ose y aller lui-même et présente à sa place d’autres lettrés. Si je n’approuve pas sa demande, il dira encore que j’ai été leurré par elle. » En conséquence il écrivit pour réponse : « J’approuve le rapport. J’ordonne à Tchéou-kong-meng, à Hia-tchi-tchong, à Pou-khi-thong, à Song-sîn, à Mou-li et à Yên-koueï, de se rendre au pavillon du pied de jade et de concourir avec Chân-taï pour la poésie et le wén-tchang. Que le bureau compétent en soit informé. » A peine ce décret fut-il rendu, que plusieurs personnes en avaient déjà apporté la nouvelle à l’hôtel de Chân-hiên-jîn, qui en fut vivement ému. — D’où vient, s’écria-t-il, que Téou-koué-i m’ait censuré auprès de p.090 l’empereur ? Aussitôt, il envoya une personne de sa maison en qui il avait confiance pour prendre des informations. Il apprit que cela venait de railleries lancées contre Yên-wén-ou dans deux inscriptions en vers et en wén-tchang (prose élégante). En conséquence, il raconta à sa fille ce qui venait de se passer. — Toutes les fois, dit-il, qu’une personne vient vous demander des vers ou du wén-tchang, c’est une preuve de l’estime qu’elle fait de votre talent et de votre réputation ; vous devez toujours lui répondre en termes convenables. Pourquoi avez-vous écrit des railleries mordantes qui sont devenues une source de malheur ? — Ces jours derniers, répondit Chân-taï, au moment où ce préfet Yên apporta une pièce de soie et un éventail, comme j’étais allée visiter ma mère dans l’appartement intérieur, une servante serra ces objets dans une armoire et oublia de me les remettre, de sorte qu’il ne me fût pas possible d’y rien écrire. N’ayant pu les obtenir au moment où il vint les chercher, il se mit en colère et fit une scène violente devant notre hôtel. Ce n’est pas tout, il eut l’impudence de suivre un de mes serviteurs jusqu’au pavillon du pied de jade et de se promener au bas des degrés. L’ayant observé à la dérobée, je vis qu’il était borgne et boiteux d’un pied. Aussitôt, me sentant en verve, j’écrivis quelques phrases piquantes, sans prévoir qu’il en découvrirait le sens. Cette fâcheuse affaire arrive vraiment par ma faute. — Si ce n’est que cela, dit Chân-hiên-jîn, n’en parlons plus. Seulement, il y a un décret qui ordonne à six lettrés, à Tchéou-kong-meng et autres, d’aller composer avec p.091 vous en vers et en prose élégante. Ce sont tous des hommes éminents et renommés ; si vous ne réussissez pas à les vaincre dans ce concours, non seulement vous perdrez la réputation que vous venez d’acquérir ; mais il est à craindre que notre saint empereur ne soupçonne que vos vers sur les |
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