Les deux jeunes filles lettréES





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les hirondelles blanches, et que l’empereur, charmé de son mérite, lui avait ordonné de se présenter ce jour-là à la cour, à l’heure de midi. Tout le monde se pressait des deux côtés de la porte appelée Si-hoa-men (la porte de la fleur d’occident), et se p.043 disputait le plaisir de la voir. Ici, la foule agglomérée s’élevait comme une montagne ; là, elle se déroulait comme une mer mouvante. Bientôt arrivèrent les chaises de Chân-hiên-jîn et de sa fille. Le ministre, étant descendu le premier, fit porter celle de Chân-taï à l’entrée de la porte Si-hoa-men, et l’invita alors à mettre pied à terre.

Aussitôt une multitude de servantes l’entourèrent de toutes parts et entrèrent avec elle. Chân-hiên-jîn suivait seul à pied et fermait la marche. La foule empressée qui, de chaque côté, la cherchait des yeux, formait une masse compacte.

Il y avait des personnes qui avaient le bonheur de la voir, tandis que d’autres n’y pouvaient réussir. Tous ceux qui l’avaient vue lui prodiguaient des éloges.

— Cette jeune fille, disaient-ils, est vraiment charmante ; à notre avis, la belle Si-tseu 62, surnommée Mao-tsiang, si célèbre dans l’antiquité, devait tout au plus lui ressembler.

Mais laissons la multitude l’exalter à l’envi et revenons à Chân-hiên-jîn. Il conduisit sa fille dans le palais. A peine fut arrivé au pavillon des Cinq phénix, qu’un mimique du sérail lui fit savoir que Sa Majesté était assise avec plusieurs de ses ministres, dans la salle appelée Wén-hoa-tién (la salle où fleurit la littérature).

Chân-hiên-jîn emmena promptement sa fille, passa en p.044 tournant devant le pavillon des Cinq phénix, et arriva tout droit à la salle Wên-hoa-tién.

L’eunuque qui gardait la porte, l’ayant aperçu, accourut au devant de lui.

— Seigneur Chân, dit-il, si votre honorable fille est arrivée, attendez que j’aille l’annoncer à l’empereur.

— Elle est en effet arrivée, répondit Chân-hiên-jîn ; veuillez, vénérable monsieur, prendre la peine de la conduire et de la présenter.

L’eunuque entra et revint au bout de quelques instants.

— Par ordre de l’empereur, s’écria t-il, qu’elle entre sur-le-champ.

Chân-hiên-jîn ordonna aux suivantes de rester toutes en dehors de la salle, et seul, conduisant sa fille par la main, il pénétra dans l’intérieur du palais.

A peine arrivé aux degrés rouges, il leva la tête et vit que l’empereur était déjà assis dans la salle. Il ordonna à sa fille de se tenir de côté, à mi-distance ; puis il alla se prosterner devant le souverain et lui dit :

— Moi, Chân-hiên-jîn, votre humble sujet, obéissant à vos ordres, j’ai amené ici ma fille Chân-taï pour la présenter à Votre Majesté.

— Excellence, dit l’empereur, je vous permets de vous lever et de rentrer dans les rangs des ministres. Ordonnez à votre noble fille de se présenter devant moi.

Chân-hiên-jîn le remercia de cette faveur, se leva de terre, et en se hâtant de rentrer dans le rang des ministres, il dit à Chân-taï d’aller présenter ses hommages à l’empereur.

Chân-taï obéit aux ordres du fils du ciel, et se dirigea p.045 d’un pas rapide vers le centre des degrés rouges. Au moment où elle allait faire une profonde révérence, tout à coup retentit ce décret : « Il est ordonné à Chân-taï d’entrer dans la salle pour offrir ses hommages à l’empereur. »

A cet ordre suprême, Chân-taï, sans se troubler ni se presser, s’incline humblement, prend le côté gauche de l’escalier impérial, et monte pas à pas les degrés. Arrivée à la porte de la salle, elle releva le bord de sa robe et entra. Dès qu’elle fut au milieu de la salle, elle exécuta la cérémonie des cinq révérences et des trois prostrations, avec la légèreté d’une danseuse qui fait voler la poussière sous ses pas.

L’empereur abaissa ses regards du haut de son trône et les fixa sur elle. Tels étaient les charmes qu’il remarqua dans cette jeune fille :

Ses sourcils ressemblaient à l’arc de la nouvelle lune ; ses joues avaient l’éclat d’une fleur qui va s’épanouir.

Ses sourcils étaient pris et légers comme l’arc de la nouvelle lune ; le vif éclat de ses tempes paraissait dû à un habile pinceau.

Ses joues ressemblaient à une lieur qui va s’épanouir, et dont les boutons captifs recèlent toute la beauté.

Les touffes de ses cheveux, comparables à des nuages noirs, projetaient une ombre gracieuse qui se balançait sur ses épaules et voilait son front.

Sa peau laissait échapper un reflet de neige dont le pur éclat rayonnait d’une joue sur l’autre.

Ses membres étaient d’une finesse et d’une légèreté sans égales.

Si ou lui eût demandé son âge, son épaule eût pu toucher celle de Tao-yun 63. p.046

Son regard perçant eût saisi dix lignes à la fois 64.

Aussi en voyant sa ligure distinguée, on lui trouvait l’œil fin et judicieux de Wân-ell 65.

Son corps était svelte et léger ; on eut dit un saule de trois pieds aux flexibles rameaux.

Sa taille était fine et élégante comme une branche de fleurs à moitié écloses.

Lorsqu’elle entra dans la salle d’audience, en inclinant ses épaules belles comme le jade,

Et s’avança timidement, avec un visage plein de grâces ; elle n’avait point l’air d’une fille ordinaire.

En montant les degrés, elle courut avec ses nénufars d’or (ses petits pieds)66 aussi vite qu’avec des ailes.

Aux attraits charmants d’une femme, elle joignait la noble gravité d’un lettré ou d’un magistrat.

Lorsqu’elle fit cent révérences en regardant le ciel d’azur, elle captiva les yeux de toute la cour. p.047

A dix ans, Kân-lo 67 célébra les vertus de l’empereur, et lui souhaita une félicité sans bornes.

A douze ans, il fut élevé à la plus haute dignité et reçut le titre d’homme accompli.

Mais à trente ans, Tchang-feï perdit la faveur impériale 68 et se vit raillée comme ayant passé l’âge de plaire.

Quoiqu’il soit rare de voir un jeune homme d’un mérite divin, cependant l’histoire en offre des exemples ;

Quant aux jeunes filles, on n’en avait jamais vu une seule qui méritait d’être comparée aux dieux.

L’empereur avait été charmé d’abord, en voyant du haut de son trône, la grâce, la jeunesse, la beauté de Chân-taï, la légèreté, l’aisance et la mesure de ses mouvements en s’acquittant des salutations prescrites. Mais il ne put contenir les transports de sa joie lorsque, ayant fini ses révérences, elle se prosterna à terre et s’écria d’une voix claire et brillante comme celle d’un jeune verdier ou d’un petit phénix :

— La jeune fille de Chân-hiên-jîn, votre sujet, président du tribunal des rites et de la chambre du conseil, p.048 Chân taï, votre sujette, présente ses hommages à Votre Majesté. Son unique vœu est que notre auguste empereur vive dix mille années, dix mille fois dix mille années !

A ces mots, il lui ordonna de se relever, puis il l’invita à s’approcher de la table impériale et l’interrogea en ces termes :

— Les vers sur les hirondelles blanches que j’ai lus avant-hier, étaient-ils réellement de vous ?

— Les vers sur les hirondelles blanches, répondit-elle, ont été en effet composés par votre sujette dans l’appartement intérieur. Seulement, je ne prévoyais pas que le style médiocre d’une petite fille comme moi aurait l’honneur de tomber sous les yeux de Votre Majesté. Je mérite la mort, je mérite la mort !

— Bien que ces vers soient d’un style un peu recherché, reprit l’empereur, ils renferment des pensées fort justes et leur facture est irréprochable. Peu importe la jeunesse de l’auteur.

— [On lit], dit Chân-taï, que le magistrat qui recueillait les chansons populaires ne dédaignait point les paroles des bûcherons et des pâtres. La justesse de votre esprit auguste vous permet sans doute de saisir toutes les finesses de la poésie. Mais, quoique Votre Majesté soit au sommet des honneurs et que les neuf enceintes du palais ajoutent à sa puissance imposante, elle n’oserait jamais ranger les chansons populaires qui sont en tête du livre des vers 69 au nombre des nobles compositions appelées p.049 Ya 70 et Song 71 ; c’est que ces sections, qui se succèdent, ont chacune un caractère particulier.

En entendant ces paroles, l’empereur approuva à plusieurs reprises par un mouvement de tête.

— Vous, dit-il, jeune fille de dix ans, comment trouvez-vous au fond de votre âme des raisonnements aussi élevés ? En vérité, c’est du ciel que vous tenez un tel talent. Mais, dites-moi, lorsque vous lisiez les auteurs dans l’intérieur de votre chambre, étiez-vous seule ou avec un maître ?

— Dans l’appartement intérieur, répondit Chân-taï, une jeune fille doit se renfermer dans ses devoirs. Comment oserait-elle violer les rites en appelant un maître pour étaler une vaine réputation ? A l’exception de mon père, que j’interrogeais sur les caractères, je vous jure que je n’ai jamais eu personne qui, le texte en main, m’ait communiqué le sens des King (livres canoniques). Seulement, soit assise, soit couchée, je les avais près de moi, tous les six, et j’y puisais largement. Ainsi, on le voit, votre sujette Chân-taï n’a jamais été sans maîtres !

L’empereur ne fit que redoubler ses compliments et ses p.050 éloges ; puis, se tournant vers Chân-hiên-jîn :

— Excellence, lui dit-il, en voyant votre fille répondre dans un âge si tendre avec tant de netteté et de précision, on ne peut s’empêcher de l’admirer ; c’est là le fruit des savantes leçons que vous lui avez données.

— Sire, reprit Chân-hiên-jîn, bien que ma petite fille ait blessé les oreilles de Votre Majesté par un langage rude et grossier qu’elle a rapporté de la maison paternelle, vous ne l’avez ni réprimandée ni punie ; c’est vraiment un immense bonheur. Bien plus, votre bouche céleste l’a encore comblée de pompeux éloges ; par là vous avez pénétré le père et la fille, vos deux humbles sujets, d’une reconnaissance sans bornes.

Le fils du ciel était enchanté. Il ordonna aux officiers qui étaient à ses côtés de lui offrir un banquet. On peut dire en vérité que le chef de l’État a la force d’une montagne qui s’écroule. A peine le fils du ciel eut-il dit un mot, qu’en un clin d’œil les mets de la table impériale se trouvèrent régulièrement préparés, dressés et servis. Les membres du conseil vinrent tous s’asseoir, suivant l’étiquette, à l’angle sud-est de la salle ; puis, à l’angle sud-ouest, il fit placer une table particulière et ordonna à Chân-taï de s’y asseoir. Mais Chân-taï et Chân-hiên-jîn refusèrent plusieurs fois cet honneur. Le fils du ciel n’y ayant point consenti, ils se prosternèrent jusqu’à terre, et s’assirent chacun à la place qui leur était destinée.

Or toutes les fois que le fils du ciel sortait ou rentrait, il était toujours accompagné par la musique impériale. Dès que le vin lui avait été offert, tous les instruments p.051 résonnaient ensemble, et l’on exécutait la danse des boucliers et des étendards 72.

A cette heure, toute la salle n’était que bruit et mouvement. L’empereur, du haut du trône où il était assis, regardait furtivement Chân-taï. « Cette jeune fille, se disait-il, doit être ravie des chants et des danses de la cour, et sans doute qu’elle va promener partout ses regards enchantés. » Mais, contre son attente, elle resta assise dans une attitude grave et respectueuse. Lorsqu’on lui présentait une tasse de vin, elle l’effleurait du bout des lèvres ; si c’était un mets, elle prenait ses bâtonnets et ne faisait que le goûter. Quant aux musiciens qui dansaient en chantant, elle baissait modestement les yeux sans les regarder.

L’empereur, l’ayant observée pendant quelque temps, ne pouvait revenir de sa surprise.

— Quelle modestie ! s’écria-t-il ; quelle décence et quelle réserve ! Cette jeune fille est vraiment charmante.

Il était encore livré à ses pensées, lorsque la musique et la danse cessèrent un instant. Tout à coup, plusieurs membres du conseil privé se levèrent ensemble de leur siège.

— Sire, dit l’un d’eux, votre bonheur suprême s’élève jusqu’aux nues. Si le ciel a daigné faire naître cette fille de talent, ç’a été pour qu’elle secondât vos augustes desseins. Aujourd’hui elle a été reçue à la cour, et, grâce à votre bonté sainte, elle a eu l’honneur de prendre part à un banquet somptueux. La vérité, il faut parcourir mille générations pour trouver une si merveilleuse p.052 rencontre. Nous en sommes tous ravis, et nous voudrions emprunter la coupe impériale pour souhaiter à Votre Majesté une longévité de dix mille ans. Il serait convenable que Chân-hiên-jîn ordonnât à sa fille de composer, à votre louange, trois strophes de vers dans le goût moderne. Peut-être ne resterait-elle pas au-dessous des sentiments qu’a dit lui inspirer l’audience solennelle de ce jour. Nous prions Votre Majesté de prononcer sur ce point.

L’empereur fut charmé de cette proposition.

— J’avais justement la même idée, leur dit-il, et à mon insu les sentiments de Vos Excellences se sont trouvés d’accord avec les miens. » Puis regardant Chân-taï : « Mes ministres, dit-il, désirent vous voir composer des vers dans le goût moderne et me les offrir. Êtes-vous capable de les faire devant moi ?

Chân-taï quitta sa place tout émue, et, se prosternant à terre :

— Sire, dit-elle, vos grands ministres ayant daigné me mettre en avant, comment votre humble sujette oserait-elle ne point répondre à leur vœu ? Mon unique crainte est que mes expressions basses et vulgaires ne puissent louer dignement la millième partie de vos vertus divines. J’ose prier votre bonté auguste de m’accorder indulgence et pardon.

Dès que le fils du ciel eut vu Chân-taï ne point refuser, il sentit redoubler sa joie. Sur-le-champ, il ordonna aux eunuques du palais de placer une table très basse à côté de la sienne, et d’y déposer les quatre trésors de l’écritoire impérial 73. Ensuite s’adressant à Chân-taï :

— Sur p.053 cette table, dit-il, vous pouvez manier le pinceau et épancher vos idées ; je veux vous voir écrire sous mes yeux.

Chân-taï remercia l’empereur en se prosternant jusqu’à terre ; puis elle se leva vivement, et, sans trouble ni précipitation, elle alla droit à sa table.

En ce moment, les eunuques avaient déjà délayé de l’encre impériale, et une feuille de papier doré, ornée de dragons aux replis tortueux, était étendue sur la table. En fait de savoir, il n’y a vraiment ni jeunes ni vieux ; c’est au plus habile que revient l’honneur. Chân-taï, il est vrai, n’était qu’une jeune fille de dix ans, mais le ciel l’avait douée d’une rare intelligence, et chez elle le talent et l’imagination étaient des dons de la nature. En effet, levant le pinceau impérial, sans réfléchir un instant ni faire de brouillon, elle écrivit tout d’un trait, sur le papier orné de dragons, des lignes nettes et élégantes comme si elle les eût copiées de mémoire. A cette vue, la figure de l’empereur rayonna de joie.

Chân-taï ayant achevé sa composition en moins d’une demi-heure, la prit à deux mains et, s’approchant elle-même du trône, la présenta à l’empereur.

— Je souhaite, dit-elle, que notre auguste souverain vive dix mille années, dix mille fois dix mille années !

L’empereur la reçut lui-même et l’étendit sur sa table ornée de dragons. Il lui ordonna d’abord de se relever, puis, appelant quatre membres du conseil privé :

— Venez ensemble devant le trône, leur dit-il, et lisez-moi ces vers pour que je les entende.

Les quatre membres du conseil, dociles à cet ordre, p.054 accoururent ensemble devant le trône impérial. Aussitôt le premier ministre lut tout haut ces vers :

PREMIÈRE STROPHE.

Lorsque le fils du ciel observe la droite voie, les saisons 74 suivent leur cours dans un ordre admirable, et tous les hommes pensent avec amour à celui qui les couvre, les soutient et les nourrit.

Lorsque tous les hommes pensent avec amour à celui qui les couvre, les soutient et les nourrit, ils transmettent d’âge en âge la renommée de ses talents civils et militaires, de sa sainteté et de ses vertus divines.

DEUXIÈME STROPHE.

Lorsque les saisons suivent leur cours dans un ordre admirable, et que le fils du ciel observe la droite voie, tous les hommes oublient qu’ils doivent la vie aux mérites de l’empereur.

Lorsque les hommes oublient qu’ils doivent la vie aux mérites de l’empereur, ils lui décernent le titre sublime de prince sans nom 75. p.055

TROISIÈME STROPHE.

La longévité du saint durant mille années, le nom du saint vivant pendant dix mille automnes, les grands ministres s’offrent à l’envi des coupes (pleines) de vin et exaltent cette merveille.

Puisque les grands ministres s’offrent à l’envi des coupes (pleines) de vin et exaltent cette merveille, moi, qui ne suis qu’une petite fille, j’ai pris le pinceau et j’ai composé ces vers pour offrir mes hommages à celui qui se dit un simple mortel 76.

SUR L’EMPEREUR QUI SUIT LA DROITE VOIE,

Pièce en trois strophes de cinq membres chacune.

La sujette Chân-taï,

en se prosternant jusqu’à terre et en la frappant de son front,

offre ses vœux (à l’empereur).

Lorsque l’empereur eut fini d’entendre ces vers, que venait de lire le premier ministre, il ne put contenir les transports de sa joie.

  • La facture est excellente, s’écria-t-il, et la rime a quelque chose d’antique. Dans tous les mots, on retrouve les nobles accents du Chi-king 77 et les mâles beautés du Chou-king 78. En voyant sa facilité à composer, on reconnaît que c’est vraiment une fille de talent.

Les trois membres du conseil la louèrent d’une voix unanime.

— Lire les livres, dirent-ils, et connaître les p.056 caractères, c’est ce qu’on voit quelquefois chez les jeunes filles ; mais si l’on en cherche une seule qui, comme Chân-taï, ait possédé, dans un âge tendre, la science d’une personne mûrie par les ans, on ne la trouvera à aucune époque de l’histoire. Si on lui donnait aujourd’hui le titre de fille de talent, elle saurait le porter sans en ternir l’éclat.

Chân-hiên-jîn, placé à côté, ne laissait rien échapper. Voyant que sa fille avait des manières simples et modestes, et que ses vers étaient pleins de grâce et de noblesse, il se sentit transporté d’une joie qui tenait du délire. Remarquant, en outre, que l’empereur l’avait comblée d’éloges, et que les ministres l’avaient unanimement louée, il s’efforça de prendre une voix humble.

— Sire, dit-il, ma petite fille, par des paroles aussi communes, a manqué au respect qu’elle doit à Votre Majesté ; je supplie votre bonté auguste de daigner lui faire grâce.

— La fille de Votre Excellence, reprit l’empereur, est douée de talents qui n’ont rien de vulgaire ; vous devez mettre tous vos soins à choisir un gendre distingué, de peur qu’elle ne se perde avec un époux indigne d’elle, et qu’elle ne nuise par là à l’heureuse influence de mes institutions.

A ces mots, il appela plusieurs officiers qui étaient à ses côtés, et les chargea de lui donner cent onces d’or, cent onces d’argent et dix perles des plus brillantes. Pais s’adressant à Chân-hiên-jîn et à Chân-taï :

— Jadis, dit-il, sous la dynastie des Thang, Wân-ell 79 vit en songe un p.057 dieu qui lui donna une balance pour peser les talents de tout l’empire. Aujourd’hui je vous donne
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