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Bonjour Tumulte, mars 2008 : le Printemps des poètes devait être pour moi l'occasion de poser des Questions à Arthur Rimbaud. Las, mon imprimante et un lapsus m'imposèrent non les Questions à Arthur Rimbaud - suite de celles qu'il m'est déjà arrivé de poser tout haut sur les ondes de PFM -, mais les Questions d'Arthur Rimbaud, himself ! Petite explication : dans ses poèmes et dans ses lettres, Arthur Rimbaud pose ou se pose des questions. En les citant dans l'ordre qui me chante, c'est un poème qui naît, sous ma plume et mon rythme : Questions d’Arthur RimbaudQu’est-ce pour nous, mon cœur, que les nappes de sang que voulez-vous que je fasse de cela, en France ? Quel mariage voulez-vous Que ça me procure ? Puis-je aller me marier là-bas, et néanmoins je serai toujours qui sait ? Forcé de voyager pour vivre ? Choisirai-je le Nord ou le pays des Vignes ? Est-ce que l’on prie la Vierge Marie ? Est-elle almée ? Qui sait ? Est-ce refus d’une poétique jugée périmée ? Mais quoi faire ? Mais qui sait combien peuvent durer mes jours ? Dans ces montagnes-ci ? En admettant que je rentre un jour – en France ? Comment me referais-je des relations quels emplois trouverais-je ? C’est encore une question. Quand sera brisé l’infini servage de la femme, ses mondes d’idée différeront-ils des nôtres ? En attendant, demandons aux poètes du nouveau – idées et formes. Tous les habiles croiraient bientôt avoir satisfait à cette demande – est-ce cela ? Est-ce de la satire, comme vous diriez ? Est-ce de la poésie ? Vous ne trouvez pas cela sincère ? Comment agir, ô cœur volé ? Le soir ? … Reprendrons-nous la route Blanche qui court Flânant, comme un troupeau qui broute, Tout à l’entour ? Pourquoi l’azur muet et l’espace insondable ? Pourquoi les astres d’or fourmillant comme un sable ? Au soleil, sans imposture que faut-il à l’homme ? La voix de la pensée est-elle plus qu’un rêve ? Quelle langue parlerai-je ? C’est encore une question. Pourquoi tancer l’enfant qui non doué de principes zoologiques désirerait un oiseau à cinq ailes ? En somme, une Fleur, Romarin Ou Lys, vive ou morte, vaut-elle Un excrément d’oiseau marin ? Quelle âme est sans défauts ? Que comprendre à ma parole ? Est-ce en ces nuits sans fond qu’on dort et s’exile Million d’oiseaux d’or, ô future Vigueur ? Vous rappelez-vous avoir reçu de province, en juin 1870, cent ou cent cinquante hexamètres mythologiques intitulés Credo in unam ? Ai-je progressé ? Que pouvais-je boire dans cette jeune Oise ? Ormeaux sans voix, gazon sans fleurs, ciel couvert Que tirais-je à la gourde de colocase ? Tout plein ? Heureux comme avec une femme ? C’est encore une question. A qui peut-on s’adresser à Beyrouth ou ailleurs sur la côte de Syrie pour l’achat de quatre baudets étalons, en pleine vigueur de la meilleure race employée pour la procréation des plus grands et plus forts mulets de selle en Syrie ? Quel pourrait-en être le prix, et aussi le fret par les Messageries, et l’assurance de Beyrouth à Aden ? Pourriez-vous me donner le nom des plus grands fabricants de drap de Sedan ou du dépar- tement ? A propos m’avez-vous envoyé ces livres à Chypre ? A propos m’avez-vous Pourriez-vous me donner Est-ce qu’on travaille à Panama ? Trouverai-je quelque chose M’avez-vous envoyé ces livres à Chypre ? Pourriez-vous Trouverai-je quelque chose à faire en Abyssinie ? Où boirai-je tranquille Le soir ? Que tirais-je à la gourde de colocase ? Saurais-je donc jamais m’avez-vous envoyé ces livres à Chypre ? Trouverai-je quelque chose de Sedan en Abyssinie ? Le soir ? Où j’en suis à ce sujet ? Des vergers quand il pleut un peu, de l’herbe rousse ? Des mondes cheminant dans l’horreur de l’espace ? De Sedan ou du département ? C’est encore une question. Où sont les courses à travers monts, les cavales les cavalcades, les promenades, les déserts les rivières et les mers ? Est-ce qu’on travaille à Panama ? Et à la maison ? La moisson est finie ? Me blanchirait-il un cheveu par minute Est-ce désolant cette trahison du cuir chevelu – mais qu’y faire ? Jusqu’à présent, je trouve à vivre ici si je quitte : que rencontrerai-je en échange ? Ai-je jamais reçu votre dernière caisse de livres – comment a-t-elle pu s’égarer ? Je en échange ? Des sommes que je vous avais envoyées les années passées, et dont le total faisait 3600, ne reste-t-il rien ? Je en échange ? |
![]() | «Nous ne saurons jamais qui fut Arthur Rimbaud. Nous sommes devant lui comme le criminel ou l’être aimé; IL ne nous reste plus qu’à... | ![]() | «Ville(s)» d´Illuminations”, Arthur Rimbaud Autour de «Villes» et de «Génie». (1980), 25-34 |
![]() | «Arthur Rimbaud», Recherche de la base et du sommet, O. C., La Pléiade, Gallimard, p. 727-734 | ![]() | |
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![]() | «Sensation», «Ma bohème» et «Le dormeur du val», dans les Poésies d’Arthur Rimbaud | ![]() | «Et moi aussi, je suis peintre !». Montrez que l’évocation de la première partie se construit comme un tableau |